Le XIXe siècle, on le sait, a une capacité à revenir sans cesse hanter notre modernité, en partie parce que c’est la matrice de notre histoire moderne. Le XIXe siècle à travers les âges, disait Philippe Muray : et effectivement, le XIXe semble avoir cette capacité à émarger dans le passé autant que dans le futur, à s’étoiler à travers le temps comme un rhizome de coïncidences fatales. Le XIXe, c’est surtout la matérialisation d’un monde « ignoblement futile et contingent » (Léon Bloy), porté sur des ailes de charogne.
Autant de phénomènes quasiment irréversibles et contre lesquels s’élèvent quelques pourfendeurs de tropes, tous porteurs du legs contre-révolutionnaire maistrien : Barbey d’Aurevilly, ou Léon Bloy bien sûr, « l’homme couronné d’étrons ». On observe, au mitan de ce siècle, un retour en force du dolorisme, de la mystique, et les apparitions mariales qui se succèdent créent de véritables poches de contestation catholique radicale, s’élevant contre une élite cléricale jugée molle et avinée. Lyon, ancienne capitale de la Gaule, évêché du grand saint Irénée qui combattit l’hérésie gnostique, « ville aux deux fleuves » et haut lieu de l’occultisme pendant la Renaissance, sera le théâtre privilégié, depuis le dernier tiers du XVIIIe jusqu’à 1850, d’une véritable « école mystique » qui agrège traditionalisme et spéculations métaphysiques. Un réveil catholique qui prend des atours parfois mystérieux, et dont Blanc de Saint-Bonnet n’est pas la moindre des apparitions météoriques. [...]
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