Comment vous êtes-vous lancé dans cette biographie ?
C’est une commande du Seuil. Après mon petit volume sur Léon Bloy, La Fureur du juste (titre français d’une série B de karaté avec Chuck Norris, ce que j’ignorais et qui me réjouit), la proposition est venue d’un parent de Bernanos. Rapidement la demande est passée d’un titre poche à un ouvrage grand format. J’ai accepté, on ne refuse pas pareille offre.
Comment avez-vous découvert Bernanos, comme lecteur ?
Mon parcours de lecteur m’a mené, sans reniement des étapes antérieures, de la littérature fantastique (Jean Ray, Lovecraft) aux surréalistes hérétiques (Artaud, Bataille, Le Grand Jeu) puis à la mystique (Jean de la Croix avant tout). C’est parallèlement à ces lectures spirituelles que j’ai découvert ce que l’on labellise depuis un siècle sous l’appellation « Le renouveau catholique en littérature », d’abord Huysmans et Claudel, puis Bloy et Hello. La lecture de Bernanos s’est inscrite dans ce parcours, chocs puissants de Journal d’un curé de campagne et de La France contre les robots.
Les travaux sur Bernanos sont nombreux, y compris les biographies
La tradition critique bernanosienne est vaste et riche, on dispose d’un matériau considérable. Côté biographie, j’ai surtout travaillé à partir de Milner, Bothorel et des mémoires de son fils Jean-Loup Bernanos, mine irremplaçable, avec les souvenirs brésiliens du docteur Bénier. Mais le but pour moi était de suivre, mot à mot, texte après texte, l’aventure intérieure de Bernanos avec sa langue, le français. J’ai donc privilégié sa passion d’écrivain en proie à sa mission de rédempteur du verbe national, plutôt que sa vie intime et familiale sur laquelle on est, en réalité, peu informé. [...]
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