Dans quelle mesure ressentez- vous la crise de l’hôpital dans votre service ?
Notre problème principal, c’est le manque de lits de réanimation. Nous n’en avons pas suffisamment pour pouvoir prendre en charge les patients qui se présentent aux urgences ou qui nous viennent d’autres services, et nous devons donc les transférer vers d’autres services de réanimation. Nous refusons aussi certains patients proposés par le service préhospitalier (Samu et pompiers). Cela a toujours existé, mais c’est devenu systématique, et la tendance est à l’aggravation : nous commençons nos gardes sans aucun lit disponible, le taux de refus augmente et les délais pour trouver des points de chute s’allongent. Entre-temps, il y a un danger pour le patient à cause d’une mauvaise prise en charge, et pour nous un risque d’erreur médicale car nous ne disposons pas de bonnes conditions de travail.
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Pouvez-vous chiffrer ces manques ?
Sachant que le service dispose de dix-huit lits, nous refusons une quinzaine de patients par jour. Ce n’est pas possible d’avoir zéro refus, mais de là à dire systématiquement non... Nos délais d’admission sont donc allongés, tout comme les délais de séjour en réanimation : lorsque des patients s’améliorent au point de pouvoir aller dans des lits d’aval, nous ne trouvons pas ces lits et sommes forcés de les garder en réanimation. En clair, tout le système est bloqué parce que l’on travaille à flux tendu, sans réserve de lits. Il n’y a pas de marge de manœuvre. Parfois, nous sommes même obligés de renvoyer des patients chez eux directement depuis la réanimation. Nous ne pouvons donc pas suivre la maladie, ce qui est problématique lorsqu’il s’agit d’une maladie chronique avec risque de récidive. Normalement, ces patients devraient passer quelques jours dans d’autres services (en pneumologie pour un asthmatique par exemple). Ils rentrent chez eux guéris mais leur prise en charge n’a pas été bien faite. [...]
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