Ils se fardent les joues de petites feuilles d’érable rouges, brandissent un drapeau canadien à l’arrière d’un camion qui affiche le slogan F*ck Trudeau et beuglent : « FREEDOOOOOM ! » On se croirait dans une très mauvaise reprise de Braveheart.
Résumons cette version médiocre. Dans la nuit du 28 janvier, des camionneurs et manifestants ont traversé le Canada pour se rencontrer à la colline parlementaire d’Ottawa et bloquer le centre-ville. Le mouvement Freedom Convoy, « Convoi de la liberté », avait d’abord pour but de dénoncer l’imposition du passeport vaccinal à la frontière canado-américaine depuis le 15 janvier 2022, la mesure de trop pour les 10% de camionneurs non-vaccinés. Toutefois, la manifestation s’est transformée pour exiger la démission du Premier ministre Justin Trudeau ainsi que la révocation de l’ensemble des mesures sanitaires. Disons-le d’emblée : les manifestants se sont trompés de cible, car les contraintes telles que le port du masque, le confinement, la quarantaine, la fermeture de commerces et la vaccination en général relèvent de la juridiction provinciale ou municipale, et non pas fédérale.
Dès le 29 janvier, le siège d’Ottawa était un sujet de vive discussion outre-Atlantique, surtout sur les réseaux sociaux. Soudainement, aux yeux des Français, le Canada était « un grand pays » qui pavait pour le monde entier le chemin vers la « révolution ». On lançait en outre sur Facebook et Twitter que ce sont 100 000 camions, accompagnés de millions de manifestants, qui se rendaient à Ottawa.
Même les organisateurs du Convoi n’en demandaient pas tant ! [...]
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