Dans les années 80, encore, on pouvait voir, assez facilement, la nuit, à Paris, certaines statues des parcs, des squares, des places et des coins de rue, descendre de leur socle et aller faire un tour dans les venelles oubliées, sur les quais de Seine, et même le long des boulevards. J’ai le souvenir un soir de décembre 84, après une soirée passablement arrosée où nous avions refait le monde, dans mon petit studio de la rue Jeanne d’Arc, mes amis Bruno, Raphaël et moi, d’une déambulation interminable qui m’avait amené, je ne sais comment, à me retrouver seul près du Luxembourg à quatre heures du matin. La nuit étoilée, la mémoire somnambule, l’esprit à moitié envolé, il y eut soudain près de moi, sorti de nulle part, le frou-frou d’une robe de taffetas. Je reconnus distinctement, malgré le marteau mal dissipé du Rhum arrangé, le visage de Marie Stuart. La conversation fut un peu brouillonne de mon côté, et du sien très raffinée, et parfaitement claire. Je bredouillais quelques sentences bien pesées sur la France mitterrandienne, elle me cita Plutarque et Cicéron avec la douceur qu’on prend toujours avec les agités. Elle me quitta à l’aurore pour retourner auprès de ses compagnes. […]
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