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Cérémonie d’ouverture des JO : Heureux ceux qui sont insultés

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Publié le

30 juillet 2024

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Sans surprise, la Cérémonie d’ouverture des JO aura été une sorte de marathon publicitaire totalement has-been, tellement borné dans son obsession inclusive qu’elle en serait presque touchante. Pauvre petite chose dégobillée par l’Etat pour épouser toutes les lubies du moment, elle aura même eu sa polémique, tout aussi ringarde, avec une Cène revisitée façon Drag Race. De quoi nous rassurer, chrétiens : la vraie dissidence, c’est nous.

Etes-vous plus catholique que lui ? On pourrait légitimement se poser la question, lorsque Jean-Luc Mélenchon en personne, toujours embusqué là où on ne l’attend pas, s’offusque sans prévenir de la Cérémonie des JO, et de sa représentation queer de la Cène qui aurait choqué les chrétiens du monde entier. A peu près au même moment, l’abbé Denis Puga tenait peu ou prou un discours similaire dans son homélie dominicale. Etrange section de l’espace-temps où le Lider massimo de LFI et le cureton de Saint Nicolas du Chardonnet semblent se donner la main au-dessus de la dépouille du christianisme.

Une dépouille ? Pas vraiment en fait. A l’heure où la mythologie LGBT et l’esthétique queer sont bel et bien devenus une religion d’état – après le passage en force de la consternante Drag Race sur le service public, cette cérémonie d’ouverture des JO « gay as fuck » en aura été la démonstration terminale – , le christianisme en retour n’a peut-être jamais été aussi dissident dans ses images – jusque dans ses récupérations. Et qu’est-ce qu’un blasphème sinon une récupération à des fins commerciales et politiques ? C’est sans doute ce qui fait notre force, à nous chrétiens. On aime se faire marcher dessus. On tend l’autre joue. Ce qui fait de nous, potentiellement, des surhommes. Notre violence, notre brutalité hors-temps, c’est de laisser faire, c’est de laisser s’engouer les cabots de la République aux pieds de la Croix. Pendant que les mahométans s’offusquent et sortent la kalach à la moindre peccadille – il faut les comprendre après tout, leur religion n’en est qu’à son adolescence, forcément contrariée, un peu boutonneuse. Nous chrétiens, on a appris à souffrir, on s’est faits aux moqueries, on sait que le silence et la prise de hauteur sont des armes bien plus fatales que les ceintures de bombes. C’est la raison pour laquelle le christianisme survit à tous les outrages, parce qu’il porte le sien, d’outrage, dans sa chair, parce que le Christ est d’emblée « couronné d’ordures », comme dirait l’autre (Léon Bloy, peut-être, vous n’avez qu’à vérifier).

Derrière le défilé de stars fadasses, derrière la laideur publicitaire assumée, derrière la stupéfiante ringardise de ces images, notre religion de cœur, de terre et de sang, n’a jamais paru aussi belle

C’est pourquoi toutes les petites attaques minable de la modernité, les Piss Christ, les Golgotha Picnic, les grimaces du black metal, les roucoulements libidineux de la vieille Louise Ciccone, et récemment cette vraie-fausse Cène (Thomas Jolly, nous prenant pour des cons, aurait martelé qu’il ne s’agissait pas d’une référence à la Cène mais à un obscur tableau représentant les Dieux de l’Olympe. Vrai ou pas, il s’est forcément posé la question en tournant cette scène, qui n’est pas tant blasphématoire que d’une ringardise absolue) ne font que renforcer la chair du Christ. Tout en prouvant la nullité abyssale du camp d’en face. Car la cérémonie, non contente d’achever de faire une bonne fois pour toute du « queer » le « new mainstream », aura également montré toute l’innocuité artistique de la gauche culturelle lorsqu’il s’agit de créer de nouvelles images, de provoquer un nouveau souffle. On se serait cru brusquement catapulté en 1989, pendant les années Jack Lang et Jean-Paul Goude, pendant cette commémoration lugubre de la révolution jacobine.

Lire aussi : Cérémonie d’ouverture des JO 2024 : Pas si pire

Que les royalistes du fond de la classe s’offusquent de cette ultime outrage à la pauvre Marie-Antoinette montre bien qu’ils ne sont pas assez chrétiens (Maurras ne l’était d’ailleurs pas du tout). Louis XVI et le Christ subiront pour l’éternité les outrages minables de la corporation bourgeoise qui a tué Dieu et décapité nos nations souveraines. Et alors ? C’est même leur rôle : au-delà du martyr, nos Rois sont des images-limite, clé de voute de notre Occident fantasmé, icones hurlantes qui ne cessent de provoquer encore la sanie des siècles. Le blasphème, quelque part, leur redonne du sang. Les métalleux nunuches de Gojira sont d’emblée écrasés par la Conciergerie. Thomas Jolly a voulu les filmer comme une sorte de coryphée électrique, ils ne furent que hannetons éclaboussés par un sang factice. Ce qui reste, dans ce pensum de 4 heures, c’est ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas montré. Derrière le défilé de stars fadasses (le lipidique et paresseux Philippe Katerine vu comme paragon de « l’insolence française », laissez-moi rire), derrière la laideur publicitaire assumée, derrière la stupéfiante ringardise de ces images, notre religion de cœur, de terre et de sang, n’a jamais paru aussi belle. Heureux ceux qui sont insultés, comme on dit chez Saint Matthieu.

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