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Colplay sort un double album mature, écoresponsable et chiant. D’après Patrick Eudeline, ultime gardien du feu parmi les ruines du rock, ce n’est même pas nul, c’est pire : propret, lisse, prêt pour la morgue.
Je n’ai rien contre Coldplay.
D’ailleurs, personne n’a rien contre l’eau tiède en général. Et Coldplay, c’est ça, pour ceux qui seraient passé à coté : un groupe « pop » anglais, célèbre par défaut. Dans un monde où Hollies, Beatles, Carpenters ou Bee Gees n’existent plus, on prend ce qu’on trouve. La Pop, la grande pop, ce sont des mélodies implacables sur une harmonie sophistiquée. Coldplay, ce sont des boucles de quatre accords simplets pour des mélodies prévisibles, portant des paroles bateau. « Regarde ce que tout le monde endure / Quel genre de monde veux-tu ?/ Parce que tout le monde souffre / Tout le monde pleure / Tout le monde rêve et doute. »
UN ROBINET D’EAU TIÈDE DANS LE DÉSERT
Bon, ce n’est pas pire qu’ « Imagine ». Mais Lennon au moins savait qu’il avait écrit une merde et le revendiquait. Certes, au moins, ils jouent « pour de vrai » au lieu de faire du copié–collé, on dira. C’est déjà ça. Donc, Coldplay, comme on dit : ça ne mangeait pas de pain. Ce qui est d’ailleurs ce qu’on peut dire d’a peu prés tout ce qui se présente aujourd’hui comme du rock ou de la pop : convenu, prévisible, sans volonté de ruer dans les brancards. Ces braves anglais viennent de sortir un double album, Everyday life. Avec une couverture en noir et blanc qui évoque de loin The Band, et des prétentions à l’éclectisme baroque façon « double blanc » des Beatles.
Et certes, il y a pire. Mais toute la promo est basée sur bien autre chose. Coldplay ne fera pas de tournée pour soutenir cet album. Une décision relativement récente. Mais voila, depuis que Greta est devenue une star, les Coldplay on humé le vent. Eco-responsables, ils seront !
Ils nous la jouent donc « album de la maturité ». Je m’en suis imposé l’écoute. Il n’y a tellement rien à dire que je n’en dirai rien. Des tempos médium, de vagues ballades, du faux gospel, du néo–country (Beatles et The band, on vous dit !), le tout saupoudré d’effets psychédéliques. Rien qui ne décolle. Ils savent que, de touts façons, le disque se vendra comme les proverbiaux petits pains. Ils sont habitués à ça, en vingt ans de carrière. Ils n’ont plus vraiment de concurrence. U2 est fatigué, Oasis n’existe plus. Le rock anglais, c’est Coldplay. Et certes, il y a pire. Mais toute la promo est basée sur bien autre chose. Coldplay ne fera pas de tournée pour soutenir cet album. Une décision relativement récente. Mais voila, depuis que Greta est devenue une star, les Coldplay on humé le vent. Eco-responsables, ils seront !
TOURNÉE VERTE
Ils veulent une tournée « verte » sans empreinte carbone, ou quasiment. Je ne les crois pas. Simplement. Oui, une tournée utilise de l’énergie, comme tout en ce bas monde. Il n est pas idiot, dans ce contexte, d’éviter les pailles et gobelets en plastique. Mais faire mieux ou plus ? Difficile, évidemment. Coldplay prend donc fait et cause pour les collapsologues et ceux qui affirment qu’il faut diminuer notre activité drastiquement. La diviser par 6. Pour arriver à seulement 2%. Un monde, donc, ou il serait interdit de se déplacer en avion, d’aller à un festival, d’imaginer des light shows. Je doute que dans leur vie de tous les jours, ils soient si vertueux et élèvent leurs chèvres pour se tricoter leurs petits pulls en laine écrue (non teintée, évidemment). En fait, les membres de Coldplay, qui n’ont jamais été des bêtes de scène, sont las de tourner.
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On peut le comprendre. Un concert de temps et temps, c’est un bonheur. Une tournée mondiale, deux ans sur la route, pour n’importe qui, c’est un fardeau. Les rockers des seventies en devenaient fous, cela explique nombre de leurs excès. Oui, les tournées polluent. Comme tout. A part ça… C’est bien le drame de l’écologie : elle ne peut être que punitive, si l’on excepte quelques décisions cosmétiques évidentes. Chris Martin parle de bilan carbone positif, de « sans plastique », le tout marchant à l’énergie solaire… Bon courage et vœu pieux, on s’en doute. Les sonos modernes exigent des milliers de watts et on n’a pas inventé encore d’amphi Marshall à panneau solaire. On garde ça pour les briquets.
TROIS CONCERTS, ZÉRO POLÉMIQUE
Ils ne feront donc que trois concerts. Par contre, les camions qui livrent leurs CDs dans le monde entier… Pas question de s’en préoccuper, on s’en doute. Les deux shows seront retransmis gratis sur YouTube (ce qui consomme une énergie de dingue, bien évidemment). Un au musée d’histoire naturelle londonien, bel endroit, j’en conviens. Et deux autres en Jordanie. À Amman. Pourquoi donc la Jordanie et pas Jérusalem, ou les fans de Coldplay sont nombreux, par exemple ? Chacun connait le réponse. Même s’il ne se vend qu’ un ou deux CDs de Coldplay par an en ce charmant pays, au niveau de l’image, c’est parfait… Et la Palestine, cela aurait été trop chaud, on imagine. La Jordanie, avec le roi Abdallah, le fils d’Hussein, qui prétend vouloir libéraliser le pays, s’imposait donc. Monarchie islamique, asile pour les capitaux refuges irakiens, syriens, voilà la Jordanie. Et à l’occasion des fameux shows, nulle phrase, bien sûr, pour soutenir les femmes opprimées qui veulent enlever leur voile ou pour les chrétiens d’Orient, mais des généralités humanistes et quelques phrases sur la philosophie soufi adoptée par le rouquin chanteur. La face, comme on sait, la plus cool et présentable de l’Islam.
VERS UN ROCK PROPRE
Réchauffement climatique ? Difficile de faire l’impasse. Sans doute. Mais les collapsologues ont un gros problème. Après des siècles de prophètes de malheur, entre le Tintin de l’Étoile Mystérieuse, le témoins de Jéhovah, Nostradamus, Paco Rabanne, les terrifiés de la bombe atomique, le bug de l’an 2 000 et le calendrier maya, le monde a l’habitude de se faire peur. Sans trop y croire probablement. Que faire, en vrai ? Sinon des mesures cosmétiques et de l’écologie punitive. S’attaquer aux vrais problèmes ? Arrêter de manger de la viande industrielle de pauvre, celle dont la production pollue et détruit plus que n’importe quoi, évoquer la surpopulation ?
Chris Martin parle de bilan carbone positif, de « sans plastique », le tout marchant à l’énergie solaire… Bon courage et vœu pieux, on s’en doute. Les sonos modernes exigent des milliers de watts et on n’a pas inventé encore d’amphi Marshall à panneau solaire. On garde ça pour les briquets.
Trop compliqué pour les « progressistes ». Non, plus simple de hurler contre les avions et les moteurs diesel. Il fut un temps ou le « rock » était rebelle, engagé, provocateur. Avec ses errements. Le Rock, c’était aussi bien le concert pour le Bangladesh que cette photo de Brian Jones des Stones en grand officier nazi. Le Rock était libre. Aujourd’hui, il ne dit plus rien. Ou il est du prévisible coté de la bien-pensance. Et on est en train de chercher des poux à la mémoire de Lou Reed ou de John Lennon pour leurs « erreurs ». Et encore, personne ne leur a raconté la vie de Jerry Lee Lewis ! On va vouloir nous réécrire une histoire du rock « propre ». Bon courage. Mais j ai confiance : ils vont y arriver.
DÉGOULINANT
Mais oui, vivre pollue. Dès que l’homme sort de sa condition animale, il pollue. Oui, peut-être un jour, cela sera la fin de notre monde à cause de cela, je ne sais. On ne peut y faire grand chose, sinon regarder Yves Cochet s’acheter des fiacres avec chevaux en nous disant que lui, au moins, pourra circuler demain. Coldplay est aussi prévisible que n’importe quel acteur pétitionnaire et se retrouve donc du bon coté du manche. Nul doute que Yann Barthès va les féliciter de tant de conscience écologique. Personnellement, ils me font bâiller. Leur album n’est même pas mauvais : ce qui est pire. Ça dégouline. Comme leurs prises de position.
PAR PATRICK EUDELINE
EVERYDAY LIFE
Coldplay
Parlophone/Warner
15€99
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