En ce premier jour de juillet, la température est caniculaire à Ajaccio. Le thermomètre politique culmine aussi. Cette campagne des élections territoriales laisse des traces, des regrets et des remords, surtout au sein d’une famille nationaliste qui, plus que majoritaire, est aussi divisée. Si 70% des électeurs corses ont voté pour l’une des trois listes nationalistes présentes au second tour, l’appel au rassemblement lancé par Gilles Simeoni n’a pas été suivi. Mais le souhaitait-il ? Au siège de l’Assemblée de Corse, l’ambiance et le ton sont plus sévères. Il revenait au doyen d’âge de présider cette session d’installation. À 76 ans, Jean-Louis Seatelli, avocat bastiais, l’un des plus brillants pénalistes de France et « jeune élu » sur la liste de Laurent Marcangeli recommandait dans sa « plaidoirie » à Gilles Simeoni : « Mon cher Gilles, ta majorité absolue te confère tous les pouvoirs et surtout tous les devoirs. Je sais que tu mesures l’ampleur de ta tâche. Je mène un combat pour la justice. Il n’y a pas pire injustice que de ne pouvoir travailler, trouver un logement, manger à sa faim. La seule émancipation que je connaisse est celle apportée par le travail qui nous rend plus libres et plus autonomes. Si nous n’arrivons pas à enrayer ce fléau, je crains que notre beau soleil de Corse ne devienne un soleil noir. Il faut discuter tous ensemble avec l’État. Il n’y a plus de place pour la com, l’heure est à l’action ! »
Place ensuite au vote pour la présidence de l’Assemblée de Corse. Et pour la première fois depuis la création de l’entité régionale il y a une quarantaine d’années, c’est une femme, Marie-Antoinette Maupertuis, qui aura l’honneur de diriger les débats du haut d’un perchoir qui a vu se succéder un radical de gauche (Prosper Alfonsi), un RPR (Jean-Paul de Rocca Serra), un libéral (José Rossi), un UMP (Camille de Rocca Serra), un communiste (Dominique Bucchini) et un indépendantiste (Jean-Guy Talamoni)… Seconde sur la liste conduite par Gilles Simeoni, Marie-Antoinette Maupertuis affiche sa fierté et sa joie à l’idée d’occuper cette fonction passionnante. Après six années à la tête de l’Agence du Tourisme de la Corse, cette universitaire respectée doit changer le style d’une présidence qui, sous Jean-Guy Talamoni, avait clairement établi un rapport de forces avec le Conseil Exécutif de Gilles Simeoni, le mini-gouvernement de l’île. Selon Marie-Antoinette Maupertuis : « L’essentiel, dans ce mandat que vous me confiez, c’est le pouvoir qu’un président ou qu’une présidente peut déployer pour faire de cet hémicycle le lieu de la représentation démocratique du peuple corse, le réceptacle mais aussi la caisse de résonance de ses aspirations profondes. La question n’est pas de savoir s’il vaut mieux qu’un homme ou une femme préside cette assemblée. L’important est que nous soyons chacun d’entre nous à la hauteur des mandats qui nous ont été ou qui nous seront donnés ». [...]
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