Ceux qui ont connu les années 80 se souviennent de la littérature de gare – qu’on trouvait aussi dans les supermarchés, systématiquement placée en haut des rayonnages pour ne pas froisser les yeux chastes. Il y avait SAS, bien sûr, excellent mélange de prospective géopolitique et de pornochic, avec ses pin-up exotiques affublées de kalachnikovs, il y avait Brigade Mondaine et ses sujets bien graveleux (torchés par un Philippe Muray entre deux pamphlets sur Balzac), L’Exécuteur, franchise ultra violente qui nous venait des Etats-Unis, sans oublier la collection Harlequin qui faisait de la résistance, avec ses couvertures en relief et ses typographies chantournées – de la littérature de bonne femme mais qui faisait aussi rêver les petits garçons puisque les femmes y étaient systématiquement en pleine pâmoison sous leurs crinolines et gorge offerte à de mystérieux hidalgos richissimes. La littérature de gare était toute puissante, sous la houlette plus ou moins bienveillante de Gérard de Villiers, qui possédait une bonne moitié des titres : sans jamais renier son caractère purement commercial, elle était un formidable terreau d’expérimentation pour les jeunes écrivains. […]
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