Et de fait, c’est dans cet esprit-là qu’il sortait du métro porte de Vanves, à deux pas des Puces du même nom, savourant les picotements de l’air froid et l’odeur âcre des marrons brûlés vendus à la sauvette – lorsqu’il aperçut au loin Lucien et Chantal de S. qui arrivaient par le boulevard Brune. E. hésita un instant à redescendre en catimini l’escalier du métro, mais une noria de grosses dames en boubous montant en sens inverse, les bras chargés de paquets ou de moutards vagissants, lui interdisait toute manœuvre de repli. Il se résigna donc à faire contre mauvaise fortune bon cœur et feignit la surprise en allant serrer la main de son vieux copain Lucien, non sans s’être incliné au préalable devant son irascible moitié.
– Tiens! Quel bon vent vous amène ? Sans trop y croire, E. espérait encore secrètement qu’ils n’étaient pas là pour « faire les puces », et qu’il ne les aurait pas sur le dos pendant toute la matinée.
– Oh, mon cher E., je crois que nous allons au même endroit! gloussa Chantal avec un mauvais sourire – comme si le déplaisir qu’elle éprouvait à le croiser se trouvait compensé par le bonheur de gâcher sa partie de chine hebdomadaire.
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