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Le Président des Etats-Unis a soulevé « un tollé mondial » (Le Figaro du 3 mars 2018) en annonçant une taxe de 25 % sur les importations d’acier, et de 10 % sur celles d’aluminium. On comprend la rancœur de ses voisins canadiens, plus gros fournisseurs des États-Unis pour l’acier, et de bien d’autres pays, alors que le déficit commercial américain vient prioritairement des exportations chinoises – qui, vers les États-Unis, comportent très peu d’acier.
Ceci étant, le déficit de la balance des paiements américaine est une catastrophe mondiale, et il est heureux que Donald Trump veuille le diminuer. La méthode qu’il emploie est cavalière, à son image, mais peut-être pense-t-il nécessaire de manifester sa détermination en posant un acte plus symbolique qu’efficace afin de rendre possible des négociations internationales sur ce sujet important.
Il y a en effet des pays qui accumulent les déficits extérieurs, et donc s’endettent fortement vis-à-vis du reste du monde, tandis que d’autres dégagent des excédents colossaux, et donc des créances (plus ou moins recouvrables) sur les pays fortement importateurs. Ceci n’est pas toujours malsain : on comprend que la Chine veuille accumuler des avoirs sur le reste du monde, car sa population active diminue rapidement, du fait de la politique de l’enfant unique menée durant des décennies, et un jour viendra où elle importera plus qu’elle n’exportera. Il en va de même pour l’Allemagne, où la faiblesse de la natalité a d’autres causes mais produit des effets analogues. Ceci étant, les excédents des uns et les déficits des autres – en particulier le déficit américain – sont globalement trop importants.
L’idéal serait de chercher à résoudre ce problème par une négociation mondiale entre dirigeants de bonne foi et de bonne volonté. Seulement voilà : la méfiance règne, et le souci du bien commun n’est pas, loin s’en faut, le moteur principal des actions gouvernementales.
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En août 2017, j’ai écrit un article intitulé « Les droits de douane ont parfois du bon » qui comportait un appel aux membres de l’Union européenne pour établir une politique douanière, interne à l’Union, propre à ramener au voisinage de l’équilibre les balances des paiements extérieurs entre pays européens. Au niveau mondial, il ne serait pas réaliste de vouloir aller rapidement aussi loin, mais c’est bien dans cette direction qu’il convient de se diriger.
Concrètement, des accords pourraient être passés, non plus pour établir des zones de libre-échange, à l’intérieur desquelles les droits de douane sont supprimés ou fortement réduits, mais des zones d’échange régulé, où les pays déficitaires auraient le droit (et même le devoir) d’instaurer des droits de douane, ou de les augmenter, le temps voulu pour rétablir leur balance des paiements extérieurs et diminuer leur endettement.
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Il ne s’agit pas de passer du libre-échange à la planification mondiale, mais de développer le bon sens, qui reconnaît la vertu essentielle de la liberté, tout en sachant que des limites doivent lui être posées : la liberté du renard dans le poulailler n’est pas soutenable ! La vie commune impose des contraintes. Les affaires, le commerce, ne font pas exception : le marché lui-même a besoin de règles, et d’institutions capables de les faire appliquer.
Les dettes, par exemple, doivent être payées, et pour cela des dispositions visant à éviter l’accumulation de créances manifestement irrecouvrables sont nécessaires.
Que ce soit le nain grec ou le géant américain, il faut éviter les déficits extérieurs excessifs ; de même que j’ai plaidé il y a quelques années en faveur du retour à la drachme pour stimuler la production grecque et la venue des touristes dans ce beau pays, de même je plaide aujourd’hui pour des mesures concertées, notamment douanières, propres à faire diminuer le déficit extérieur du pays qui est, encore pour quelques années, le plus puissant du monde.
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