Toute résistance semble dépendre de ce à quoi elle s’oppose. N’est-elle pas secrètement attachée à ce qu’elle combat ? Elle serait ainsi réactive, seconde et ne se poserait qu’en s’opposant à la nouveauté impromptue ? Bref, la résistance n’est-elle pas toujours rétrograde ? Peut-on dès lors penser une résistance pure ? Cette question est posée dans le contexte du nihilisme contemporain qui se caractérise par le fait de justement combattre pour ses valeurs. N’y a-t-il pas dans cette attitude une secrète complaisance, une sorte de syndrome de Stockholm intellectuel propre à tout lobby ? Une valeur n’est déclarée telle que par l’investissement dont elle est l’objet : à savoir, sa défende en réponse aux attaques qu’elle essuie, attaques qui se révéleraient alors comme sa condition de possibilité.
Mais d’un autre côté, si toute résistance est une expression du nihilisme, faut-il se cantonner à vivre dans le formol ? Face au « à quoi bon ? » ou au « pourquoi pas ? » du cynisme, faut-il se taire ? Le silence dédaigneux devant le chaos de l’infinité des perspectives équivalentes n’est-il pas un autre nom de la résignation, contre laquelle la résistance à juste titre se cabre ?
Mais alors comment éviter la passivité sans pour autant être réactif ? Y a-t-il un moyen de renvoyer dos à dos ces deux attitudes comme étant inadéquates à une résistance pure de toute complaisance envers ce que l’on est bien obligé jusqu’à nouvel ordre d’appeler son objet ?
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