« À quoi servent les gens de droite ? » se demanda il y a quelques jours une journaliste de La Chaîne parlementaire. Question cocasse venant d’une personne payée par le service public pour « informer et former les citoyens à la vie civique ». À quoi sert donc plus de la moitié des Français ? Nous ne lui ferons pas l’affront de lui répondre que justement, la droite permet à une certaine gauche, dont la cruche fait partie, de poser tout simplement cette question, c’est-à-dire d’exister un peu. Mais peut-être s’interroge-t-elle et il faut toujours répondre à un appel de détresse. Pour commencer, on ne saurait que leur conseiller, à elle et à ses camarades perfusés de subventions pour prêcher dans des salles vides, de flécher l’origine des fonds. Ils risquent d’avoir des surprises. Ou peut-être pas. Cette gauche idiote, qui ne semble pas savoir grand-chose, maîtrise parfaitement l’art de cracher dans la main qui la nourrit. Il suffit d’écouter les petits kapos de la matinale de France Inter. Des ados, déjà trop vieux, qui ricanent en se tortillant comme des lombrics sur leurs strapontins de roitelet, trop heureux de se moquer de leurs financiers – à savoir les Français – en quémandant le regard approbateur de leurs pairs tout aussi boutonneux. À quinze ans on excuse, à cinquante ans on compatit.
Les gens de droite comme ils disent ont la modestie de savoir qu’ils ne sont que des nains juchés sur les épaules de géants et que deux mille ans d’histoire les précèdent. Ça rend humble
Que ferait cette gauche sans la droite ? Elle qui ne sait plus que dénoncer, accuser et demander des comptes. C’est même devenu un métier, et pas sous tension. Juste de quoi refiler un avenir aux bataillons de Tolbiac et vider un peu Pôle emploi. À sa décharge, la gauche est jeune, elle n’existe que depuis la démocratie. Les gens de droite comme ils disent ont la modestie de savoir qu’ils ne sont que des nains juchés sur les épaules de géants et que deux mille ans d’histoire les précèdent. Ça rend humble. La gauche ne veut vivre avec personne, et surtout pas avec ceux qui osent la contredire. Elle ne veut ni débattre ni discuter, juste éduquer. Ce qu’elle appelle pluralisme, c’est l’entre-soi. Un arc qui va de Mélenchon à Bayrou. « L’affaire Lejeune » en révèle la supercherie. À peine embauché au JDD, la rédac se met en grève avec un score de république bananière, tout le monde le sait déjà. Une pétition signée, entre autres, par Joey Starr et Élisabeth Badinter, s’est même sournoisement glissée entre deux papiers sur la Russie dans Le Monde. On cause de « croisade réactionnaire » et de « clair-obscur d’où surgissent les monstres », rien que ça. Le sujet n’est ni la remise en cause des qualités du journaliste ou de ses compétences mais son incompatibilité avec les fameuses « valeurs de la République », comme l’a expliqué notre ministre de la Culture, tout ça au nom de la vitalité démocratique.
Sachez-le, cette gauche est moralement supérieure alors elle peut faire ce qu’elle veut : envoyer Zemmour en Pologne, justifier la violence, battre sa femme, défendre les faux mineurs isolés en enjambant le clochard en bas de chez eux… Les gens de droite leur permettent d’être de gauche, c’est beau et ça coûte pas cher. Mais encore faut-il qu’elle définisse ce qu’est la droite, et c’est là qu’est l’os. Elle n’en a pas le début d’une idée. Alors on va lui dire. La droite n’est pas une autre gauche. La droite propose une autre vision du monde, une autre manière de décrire l’Homme. Être de droite, c’est croire, comme Pascal, que l’homme entretient dans sa fibre le mal avec le bien. Il ne faut pas partir du principe que débarrassé des structures mauvaises, l’Homme redeviendra bon. La droite, c’est « une posture devant l’existence, prudente et réaliste, née de la foi en une condition humaine et en une condition culturelle » comme l’écrivait la philosophe Chantal Delsol. Alors que d’autres quémandent des droits tels des Roms dans le métro à l’heure de pointe, les gens de droite, eux, se nourrissent de ce plaisir aristocratique qu’est la recherche de toujours plus de devoirs.
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Les vacances arrivent et, chers lecteurs, vous les avez bien méritées. Nous ne saurons que vous conseiller d’emporter avec vous ce magazine et de faire un tour des cathédrales pour exhumer l’ancien monde et son cortège de chevaliers. Le camarade Carlu a concocté un petit guide politico-touristique à travers l’Europe afin de vous prouver que tout n’est pas foutu. Frédéric Hermel, portraitisé quelques pages plus loin, vous emmènera à Brooklyn en passant par Clermont et en nous rappelant qu’il n’y a pas si longtemps l’école permettait à un ch’timi de publier, un jour, son premier roman. Autre genre, autre style, Barrès est à l’honneur et pas seulement pour faire hurler les gauchistes – ils hurleront de toute façon en découvrant notre charge, sabre au clair, contre les mutilateurs d’enfants. Enfin si les vacances appellent au relâchement, gardez la tête haute et la sape classe, même sur la plage, avec les conseils sartoriaux de nos meilleurs fabos. Toute la rédaction vous souhaite un bon été.
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