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Éditorial d’Arthur de Watrigant : Dix ans plus tôt

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Publié le

3 mai 2023

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« Ils se sont levés avec l’humilité des grands, non pour préserver leur pré-carré mais tenter de sauver ce qui nous dépasse tous, une civilisation. » Éditorial du numéro 64.
LMPT

Te souviens-tu, dix ans plus tôt. Une marée humaine venant de toute la France prenait d’assaut Paris, avec pour seules armes des drapeaux bleus et roses, et la conscience qu’un basculement civilisationnel était en jeu. Nous sommes en 2013 et la loi du Mariage dit pour Tous s’apprête à être votée à l’Assemblée. Deux fois d’affilée, ils étaient un million à défiler dans les rues, sans syndicats, sans partis, sans argent public. Pas un abribus de cassé, par un cocktail molotov jeté à la tronche des flics, c’était la France bien élevée, trop, diront certains. Les ricaneurs du matin de la radio d’État les humiliaient à chaque chronique, les ânes de Quotidien se moquaient comme des analphabètes bourgeonneux des fringues trop provinciales et des prénoms vieille France, les lobbys LGBT s’engouffraient dans la brèche pour raconter que l’homophobie hantait la France des clochers, s’inventant des agressions homophobes à chaque coin de rue.

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Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, se sentait pousser des ailes, trop heureux de se sentir utile pour la première fois de sa vie : arrestation pour un sweat LMPT, gardes à vue arbitraires, tournées parisiennes dans des cars de police fenêtres fermées et chauffage à fond, qu’importe que vous soyez enceinte ou grand-mère, feux d’artifice de lacrymo même contre des poussettes… On a même vu la mairie de Paris réclamer aux manifestants une dîme pour réparer la pelouse du Champ-de-Mars quelque peu abîmée. La violence que Taubira se remémore en se prenant pour un ancien combattant n’était pas du côté des manifestants comme tente de le réécrire officiellement la gauche. Sauf à considérer que des veilleurs qui lisent du Bernanos et récitent du Péguy méritaient de finir au gnouf pour LGBTQXYZWphobie ou trouble à l’ordre public.

Dix ans plus tard, les politiques qui défilaient gaiement dans les cortèges ont pour la plupart retourné leur veste. Une habitude, surtout à droite. « Je me suis trompé » affirme Gérald Darmanin, une manie chez lui. « Je n’aurais pas la même attitude » explique Éric Ciotti : c’est le problème de la demi-molle, on ne tient jamais droit. Mais la palme du déshonneur revient à Jean-François Copé : « Le seul grand regret ma vie politique. » Tu parles d’une vie… Quant à Valérie Pécresse, « mes convictions évoluent avec celles de la société » explique-t-elle sans rire. Il n’y a pas que les sondages qui vont et viennent comme la queue du chien, les convictions aussi. Sans surprise, les rares à ne rien lâcher se comptent sur les doigts d’une main, parmi eux François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal et quelques députés RN. On attend toujours la position de Marine Le Pen qui avait affirmé en 2013 qu’elle « remettrait en cause le mariage homosexuel, contrairement à l’UMP », position confirmée en 2016: « Je veux supprimer le mariage homosexuel et le remplacer par un PACS amélioré. »

Même dix ans plus tard, jamais deux personnes du même sexe ne peuvent, et ne pourront, procréer, tout prométhéens qu’ils rêvent d’être

« La douloureuse conquête d’un droit titrait il y a quelques jours Le Monde. Le quotidien de gauche offre le service après-vente de l’empapaoutage. Non, il ne s’agit pas de la conquête d’un droit. Non, ces Français ne manifestaient pas pour l’interdire à d’autres. Non, ils ne marchaient pas contre l’égalité. Ils se sont levés avec l’humilité des grands, non pour préserver leur pré-carré mais tenter de sauver ce qui nous dépasse tous, une civilisation. Car comme le rap- pelle la philosophe Chantal Delsol, l’unique but du mariage civil est de « garantir et protéger ces manifestations de l’existence humaine que sont la procréation, l’accueil de l’enfant et l’éducation/transmission ». Même dix ans plus tard, jamais deux personnes du même sexe ne peuvent, et ne pourront, procréer, tout prométhéens qu’ils rêvent d’être. Les mêmes qui hurlent à la science destructrice dès qu’on cause OGM mais ponctuent chacune de leur phrase de « progrès » et sens de l’histoire, ne rêvent que de droits pour assouvir leurs désirs. Qu’importe la PMA, qu’importe la GPA, qu’importe la fabrique d’un enfant sans origine. Ils habillent ça de réformes de société ou de civilisation pour mieux masquer une rupture anthropologique comme il n’en a jamais existé depuis que l’Homme est l’Homme: la désinstitutionalisation du mariage qui articulait la différence des sexes et des générations. C’est beau le progrès.


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