Il aurait parlé plus de onze langues, dont l’hébreu, le grec ancien et le latin à l’âge de neuf ans. Il serait devenu bossu et presque aveugle à force d’étudier dans la bibliothèque de son père – une des plus grandes du pays en ce début de XIXe siècle en Italie – à une époque où le pays n’a jamais été aussi exsangue, détaillé en multiples portions rivales, dont la très traditionaliste Marche Pontificale où se blottit la petite « ville-balcon » de Recanati, fief familial du jeune poète. Il aurait vécu sans n’avoir jamais connu aucune femme mais a écrit parmi les plus beaux poèmes d’amour de la langue italienne. Mais surtout, il serait mort à Naples d’une indigestion de glace au citron – étrange agonie sybaritique pour un authentique zélote des lettres à la vie quasi-monacale. À vrai dire, au-delà des nombreuses légendes qui courent sur Giacomo Leopardi, on en connaît peu sur sa vie et sur sa carrière fulgurante. C’est encore sa somme philosophique qui en dit le plus : ses Zibaldone (« brouillons » en italien), soit près de 4 000 feuillets où le poète se targue de vouloir tout commenter à l’aune de sa sapience illimitée et de son esprit clairvoyant – biologie, minéralogie, théologie, philologie, tout y passe, avec cette curiosité acrobatique typique de ces jeunes âmes élevées entre Lumières et Romantisme. À ce titre, Leopardi n’est pas sans rappeler un certain Novalis, lui aussi de mort jeune et de faible constitution, comme consumé de l’intérieur par une âme trop brillante… […]
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