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Ancien président du groupe parlementaire de la Ligue du Nord, Giancarlo Giorgetti est devenu, à la faveur de l’accord de gouvernement conclu entre la Lega et le Mouvement Cinq Étoiles, secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres, dans le gouvernement de Giuseppe Conte. Il revient sur ces élections qui ont surpris toute l’Europe, et les tractations qui ont permis de former ce gouvernement inédit.
Vue de France, cette élection et son mode de scrutin ont l’air particulièrement complexe. Est-ce pour cette raison qu’il a été très compliqué de former une majorité autour des coalitions ?
Oui, cette loi électorale a été un problème, alors que le Parlement a travaillé cinq ans pour la mettre au point. Il faut obtenir au moins 40% des voix pour avoir la majorité au parlement, et nous n’avons pas un système à deux tours qui pourrait garantir cette majorité. C’est sans doute une volonté de la gauche qui ne voulait pas donner la possibilité à la droite ou au mouvement Cinq étoiles de prendre le Parlement. La gauche sachant qu’elle ne pouvait pas obtenir la majorité a créé cette loi pour empêcher qu’il y en ait une. Je ne sais pas si nous serons capables de la changer, car chaque parti réfléchit dans son propre intérêt. Ça va être un problème considérable à l’avenir.
Cela place l’Italie dans une situation très particulière, cette alliance entre les mouvements de droite et le mouvement Cinq étoiles…
Le programme de droite a reçu ses suffrages du Nord du pays, là où l’économie est développée et où les électeurs demandent plus d’autonomie vis-à-vis de l’État. Le mouvement Cinq étoiles a reçu ses suffrages du Sud de l’Italie, qui va demander plus de sécurité sociale, des engagements de l’État pour verser des pensions et des prestations en tous genres. Ce sont deux programmes qui sont difficilement compatibles, mais cela reste la seule alliance possible.
La Lega a réalisé un score historique : comment expliquez-vous cette percée, y compris dans des territoires où elle était peu présente ? Elle a même une élue en Sicile maintenant !
C’est la performance de Matteo Salvini : il a été capable de donner une image dynamique et jeune de la droite, et a réussi à obtenir des suffrages qui dans le passé seraient allés à Berlusconi, lequel a été vu comme antique, incapable de communiquer de manière moderne avec le peuple de droite. Cela explique la percée dans le Sud où auparavant la Lega ne recueillait tout simplement aucun suffrage. Aujourd’hui, 5 à 6% nous arrivent de ce Sud.
Forza Italia fait un score historiquement bas. Même chose pour le Parti démocrate. Y a-t-il une explication à ce changement de leadership ? Comment des partis traditionnellement forts qui ont souvent gouverné l’Italie sont-ils dépassés par des mouvements comme la Lega ou le mouvement Cinq étoiles ?
De droite comme de gauche, les partis qui soutiennent l’Europe ont des problèmes. Considérés par les classes populaires comme pro-UE, on les juge incapables d’aider le peuple sur des sujets comme l’immigration par exemple. La réponse des Italiens modestes a été au Nord le vote Lega et au Sud le vote Cinq étoiles, tous deux opposés à l’UE. C’est un tremblement de terre dans la politique italienne. Si vous faites l’addition des deux scores, il y un raz de marée anti-UE. Lors des prochaines élections, cette tendance devrait être confortée. La situation de Forza Italia et du Parti démocrate va, elle, s’aggraver.
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Pourquoi le Parti démocrate a-t-il été exclu de toute possibilité d’union, que ce soit par la Lega ou le Mouvement Cinq étoiles ?
Parce que le peuple italien a récusé la gauche et les gouvernements de gauche. Ceux qui ont perdu l’élection ne pouvaient pas retourner au gouvernement. C’est pour cette raison qu’aucun camp ne voulait d’un accord avec le Parti démocrate. Cela sera sans doute valable pour longtemps. D’ailleurs il est probable que ce parti ait peur de se présenter aux élections prochaines.
Quel est le fondement de l’alliance entre la Lega et le Mouvement Cinq Etoiles ?
Une critique commune de l’UE et de l’euro. On dit que le Mouvement cinq étoiles et la Lega sont populistes car contre l’Europe. C’est en partie vrai. Mais ce type de mouvement interpelle plus dans un grand pays européen comme l’Italie que dans un pays comme la Grèce. Il y a une volonté de changement en Europe. C’est dans cette situation que les programmes de ces partis se sont rapprochés. D’ailleurs les premiers documents de travail et les premiers accord ont porté sur les questions économiques. Sur le sujet très important pour nous de l’immigration et de l’assimilation, nous avons bien compris quelle est la position officielle du Mouvement Cinq étoiles. Pour nous, c’est une question fondamentale de notre politique.
Ce n’est plus la Ligue du Nord mais la Ligue tout court, et le slogan est désormais « les Italiens d’abord » : il y a un vrai virage. Vous qui êtes dans ce parti depuis longtemps, comment se passe ce changement en interne ?
Nous gardons notre ancrage dans le Nord. Nous n’avons pas perdu de territoires dans notre zone traditionnelle. Simplement, nous proposons nos réponses au gens du Sud de l’Italie. Nous avons une approche moderne vis-à-vis des problématiques de globalisation. Nous pouvons répondre aussi au peuple du Sud sur les phénomènes d’immigration, de délocalisation, qui ne sont pas propres au Nord. Ces problèmes sont présents partout en Europe, et en Amérique. Matteo Salvini a su les traduire dans la réalité italienne.
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