La victoire de Giorgia Meloni aux élections législatives italiennes, qui fait suite à la victoire du bloc de droite en Suède, a soulevé comme rarement un vent d’espoir dans les droites françaises. Dans un pays voisin, culturellement frère et politiquement semblable, il est fait démonstration que la droite dite radicale peut parfaitement s’emparer du pouvoir avec un discours sans compromissions, et du fait même qu’il est hors-système – car c’est pour cela que Meloni a pris le dessus sur Salvini.
Marine Le Pen a félicité sur Twitter le peuple italien d’avoir repris « son destin en main en élisant un gouvernement patriote et souverainiste » et « résisté aux menaces d’une Union européenne anti-démocratique et arrogante ». De même, Jordan Bardella se félicitait d’une « leçon d’humilité » offerte « à l’Union européenne », et de conclure : « Les peuples d’Europe relèvent la tête et reprennent leur destin en main ! ». Éric Zemmour s’est lui fendu d’un communiqué : « Sourds aux injonctions à reculer et refusant toute compromission idéologique et politique, voilà quatre années qu'ils mènent de front la bataille culturelle, s'implantent sur tout le territoire et parlent avec toutes les forces de droite. » Son de cloche semblable chez Marion Maréchal : « Elle a su tenir bon, elle a su faire l’union : bravo Giorgia Meloni pour cette victoire historique. Bonne nouvelle pour la défense de notre civilisation ! »
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Ces déclarations sont éloquentes à bien des égards, car si tous ont revendiqué leur filiation en droite ligne avec Meloni, ils l’ont fait pour des raisons différentes. Alors que les élus du Rassemblement national soulignent le souverainisme de Meloni et la félicitent, en mentionnant Salvini, d’avoir claqué le bec de l’Union européenne, les représentants de Reconquête insistent plutôt sur la teinte identitaire de sa campagne, et sur sa stratégie d’union des droites.
Projet politique : Marion Maréchal, la Meloni française
« Dieu, famille, patrie » : c’est avec ce credo, devise du parti Frères d’Italie fondé en 2012, que Giorgia Meloni a conquis le pouvoir. C’est bien clair, l’Italienne affiche une sensibilité politique résolument conservatrice, et se pose en défenseur de la société chrétienne traditionnelle contre tout ce qui la menace, position qu’elle entend décliner par tout un tas de mesures : lutte contre l’immigration et l’islamisation du pays, lutte contre le lobby LGBT, politique familiale très ambitieuse, financement d’alternatives à l’avortement voire resserrement des droits des couples homosexuels. Ce conservatisme social s’accompagne d’un programme économique relativement libéral. La coalition prévoit une réduction de la pression fiscale pour les familles et les entreprises, et des allégements de fiscalité pour favoriser l’emploi des jeunes. Ce programme comporte toutefois de lourdes dépenses – au point que certains le jugent infinançable – tels des investissements massifs dans les infrastructures publiques ou la revalorisation des minimas sociaux et des retraites. [...]
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