LUI : Je viens de lire un roman incroyable. Les Horreurs de l’amour, de Jean Dutourd.
MOI : Dutourd ! Ça ne nous rajeunit pas. Ça date de quand ?
LUI : 1963. Dutourd avait eu l’idée de ce roman trois ans plus tôt, dans le train de ses vacances pour Libourne, en lisant les mémoires de Linda Baud, la protagoniste de « l’affaire Jaccoud », qui a passionné la Suisse à la fin des fifties. Livre niais, dit-il, mais dont l’histoire a été une révélation, comme quand un fait divers a donné à Stendhal l’idée du Rouge et le Noir, toutes proportions gardées.
MOI : Qu’est-ce que ça raconte ?
LUI : Peu de choses, ce qui n’empêche pas Dutourd d’en tirer 500 pages tassées, par plaisir de « prendre son temps », comme un romancier selon lui doit le faire. C’est l’histoire des amours adultères d’Édouard Roberti, député rad-soc de la Quatrième République, avec Solange Mignot, petite dactylo plus jeune de trente ans. C’est tout. Il n’y a presque pas de personnages secondaires : Mme Roberti, un peu, le frère de Solange, quelques autres ; mais l’essentiel se passe dans les âmes de Roberti et de Solange, passées au scanner par Dutourd avec une patience, un goût prodigieux de détecter les changements d’humeur, les moindres progrès de l’amour.
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