« Jean Paulhan n’existe pas », proclame en 1963 une carte postale éditée par quelques néo-surréalistes revanchards, quand le directeur en titre de La Nouvelle Revue Française décide de présenter sa candidature à l’Académie française. Soucieux de détromper ses détracteurs et de prouver qu’il existe bel et bien, Jean Paulhan se procure plusieurs dizaines d’exemplaires des cartes postales qu’il fait largement circuler et obtient de surcroît son siège à l’Académie, au fauteuil de Pierre Benoît, mort en 1962. Si Jean Paulhan a bel et bien existé, ce fut, il est vrai, de manière fort discrète, au point que le rôle essentiel qu’il a joué pour la littérature française du XXe siècle est aujourd’hui trop souvent oublié.
Né à Nîmes en 1884 et mort à Neuilly en 1968, Paulhan aura publié une bonne partie des gloires de la littérature française du XXe siècle durant les quelque trente ans passés à la tête de la NRF, de 1925 à 1940, puis de 1953 jusqu’à sa mort ; et aura fait passer au second plan sa propre carrière d’écrivain. Le Guerrier appliqué, récit de son expérience au front, a beau être célébré lors de sa publication en 1917 comme l’un des textes les plus brillants écrits sur l’expérience de la guerre, son œuvre romanesque et théorique, tout entière dédiée au mystère du langage, est restée confidentielle et d’accès difficile. [...]
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