Le cinéma et le théâtre sont en deuil. Dans le noir depuis leur fermeture, leur pénombre a depuis ce lundi une teinte encore plus triste. Jean-Pierre Bacri a quitté la scène, définitivement. « Je n’ai pas peur de la mort puisque je serai le dernier au courant », disait-il en 2017. C’est sans compter son public qui ne savait pas qu’un cancer le rongeait. Ils étaient nombreux ce lundi 17 mars à relire deux fois les dépêches qui inondaient leurs téléphones, refusant de croire que leur Droopy national ne grognerait plus de sa voix bégayeuse, cette voix trop sincère pour ne pas hésiter.
Né le 24 mai 1951 à Castiglione (aujourd'hui Bou Ismaïl) en Algérie, Jean-Pierre Bacri découvre le cinéma grâce à son père facteur en semaine et ouvreur de salle le week-end. Rapatrié avec ses parents en 1962, il débarque à Paris douze ans plus tard. Sa jeunesse à Cannes ? « De l’ennui. Et de l’attente. Une attente infinie, attente d’être adulte. Je me revois encore boire café sur café dans les milk-bars à côté du lycée avec la conscience d’attendre. Je n’étais pas malheureux. Mais je rêvais de liberté », dira-t-il au Monde en 2011. « Et mon rêve s’est réalisé. Je ne savais même pas à quel point être adulte était bien. Je le suis devenu quand j’ai débarqué à Paris, que je suis rentré dans un cours d’art dramatique et que, d’un coup, la culture, les textes, la liberté me sont tombés dessus. Paris, c’est l’affaire de ma vie ». [...]
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