Intuitivement, le complotisme est considéré comme une menace pour la démocratie, et ce postulat n’est pas dénué de sens : le paradigme démocratique repose sur la nécessité d’un fond commun de vérités partagées, sur lesquelles le libre débat et la confrontation des arguments pourront ériger des vérités supérieures et consenties. Intrinsèquement frondeur, le complotisme nie principiellement toute vérité partagée ; plutôt, il est un amour de la contestation et annihile la possibilité du débat par l’élaboration d’un discours autoréférentiel.
En réalité, ce que les complotistes contestent, ce n’est pas tant la vérité que les élites : ils s’en méfient, bientôt les haïssent, et élaborent une vérité parallèle pour être systématiquement et légitimement autorisés à les fronder. Maladie démocratique, il révèle une cassure inquiétante entre dirigeants et dirigés, s’appuyant sur la pensée de Nicolas Machiavel – premier penseur républicain moderne – et son double postulat : les élites complotent pour elles-mêmes sans souci du bien commun alors que le peuple est foncièrement vertueux. [...]
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