Les marronniers du Luxembourg vont peu à peu disparaître. La mouche mineuse les tue à petit feu. On peut se consoler en songeant que certains seront remplacés par des chênes chevelus et des arbres aux quarante écus (dont l’arbre mâle a un port plus élancé que celui de l’arbre femelle, précise-t-on au Jardin des Plantes), mais c’est une mince consolation. En fait, les marronniers disparaissent un peu partout.
Avant le XVIIe , ils ne poussaient pas en France mais dans les Balkans (et non pas en Inde). C’était l’époque où les échanges culturels commençaient par une graine prudente qu’on mettait vingt ans à choyer. Les Balkans nous auront donc donné, en ces temps-là, les marronniers et la cravate, qui disparaît elle aussi, pour des raisons moins climatiques, moins botaniques, moins municipales, moins marronnières, en un mot. Le XVIIe siècle s’efface, il faut bien l’admettre. Nous vivons les derniers automnes où ces arbres inutiles (son bois brûle mal, les charpentiers n’en veulent pas, les menuisiers non plus), qui après avoir offert le spectacle réjouissant de leurs grosses fleurs, jonchaient avec opulence le sol de leurs fruits immangeables et magnifiques. Les [...]
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