Commençons tout d’abord par rappeler une évidence : l’Ukraine n’est pas la France. Alors qu’elle prospère dans nos contrées, la pensée woke n’a pour le moment pas droit de cité en Ukraine (ce qui au passage n’empêche pas la GPA d’y être légale, comme en Russie). De plus, la société ukrainienne paraît bien éloignée du modèle français tant le sentiment patriotique qui unit ses membres est puissant. Quoi de plus sain dans un pays sous la menace d’une puissance ennemie ? Mais l’originalité de la nation ukrainienne a aussi sa part sombre : dans quel autre pays du monde un corps franc cryptonazi (le bataillon Azov) peut-il se targuer d’être intégré à la garde nationale (l’équivalent de notre gendarmerie), ce qui le place de fait sous le commandement du ministère de l’Intérieur? Que penser d’une nation qui a élevé un criminel de guerre comme Stepan Bandera, responsable entre autres de massacres de civils polonais entre 1942 et 1944, au rang de héros national?
Cela dit, en déduire que l’appareil d’État serait passé sous la coupe de dangereux banderistes sans foi ni loi relèverait de la malhonnêteté intellectuelle. La reductio ad hitlerum pratiquée sans vergogne par le Kremlin ne doit pas nous tromper: le poids des mouvements d’extrême droite radicale dans le paysage politique ukrainien est très relatif. En dépit de leur participation active aux manifestations d’Euro-Maïdan en 2014, des mouvements ayant pignon sur rue comme Svoboda (Liberté) ou Pravyï Sektor (Secteur Droit) ont échoué à tirer leur épingle du jeu politique comme en témoignent leurs scores ridicules aux élections présidentielles de mai 2014 (où ils ont obtenu respectivement 1,2 et 0,7 % des voix) ainsi qu’aux élections législatives qui ont suivi en octobre de la même année. Avant d’entamer son recul, le parti Liberté (Svoboda) d’Oleh Tyahnybok avait pourtant réussi une percée électorale fulgurante aux élections législatives de 2012. L’ancien président Viktor Ianoukovitch (2010-2014), soucieux d’apparaitre comme un rempart contre le fascisme à la présidentielle de 2014, avait alors beaucoup contribué à sa montée en puissance. Une basse manœuvre politicienne qui n’est pas sans rappeler l’attitude d’un certain François Mitterrand vis-à-vis du Front National dans les années 80 ! [...]
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