Voilà un bon quart de siècle que nous – la droite – supposons que, nous frottant au fameux « réel », nous serions par décret providentiel au courant des souffrances et des aspirations d’un peuple quasi-rousseauisé dans sa bonté naturelle et que « common decency » aidant, quelque réclamation, souhait, exigence qu’il manifeste, comme un enfant-roi il faudrait y satisfaire. Nous supposons que de ces sons pythiques nous serions les interprètes désignés. Et surtout que nous disposions de l’efficace pour les réaliser.
Nous avons désigné tout cela sous un mot, un concept et une pensée magiques, le populisme. Mais, outre que des exemples étrangers et antécédents – quoiqu’ils ne soient évidemment pas transposables par principe ici – eussent dû nous alerter, les exemples de Trump, de Bolsonaro, de Poutine, de Salvini, il était déjà par soi étrange que ceux qui se réclament de la droite pussent croire trouver dans un peuple « souverain » la légitimité politique qui leur manquait. Jean-Marie Le Pen, interrogé par Patrick Poivre d’Arvor sur TF1 en 1994, à propos de l’accession au pouvoir du premier populiste postmoderne, Silvio Berlusconi, ne rejetait pas le terme ni le concept et les définissait ainsi : « Les populistes sont ceux qui s’intéressent ou qui voient la politique à travers le peuple, à travers les souffrances de celui-ci ».
La droite est née de ce refus de souveraineté populaire sans limite
C’est bref, c’est simple, cela indique une posture, mais cela indique-t-il une source et une embouchure ? Certes non. On connaît la fonction tribunicienne depuis la Rome antique, où il fallait bien que des orateurs et des politiques se fissent les porte-parole du peuple dans l’agora, mais jamais il n’avait été question qu’ils présidassent seuls aux destinées de la cité. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !