La république est leur crédo, la laïcité leur bouclier. Face à l’islamisation offensive et belliqueuse, les Laurent Bouvet, Amine El-Khatmi et autres Gilles Clavreul ne ménagent pas leur peine dans un combat légitime. Attention toutefois à ne pas les confondre avec des militants d’extrême droite camouflant une islamophobie galopante derrière les oripeaux de la laïcité. Pour eux, la menace identitaire et la menace islamiste agissent de concert comme une tenaille. Né en 2016 d’une tribune parue dans Marianne et Causeur, le « Printemps républicain » est un groupuscule qui entend lutter contre « l’extrême droite comme l’islamisme politique », et défendre une laïcité « remise en cause de toutes parts, manipulée à des fins politiques par certains, attaquée à des fins religieuses par d’autres, ignorée de beaucoup par indifférence ».
On l’aura compris, le Printemps républicain, s’il a été lancé pour contrer l’islamisme et surtout garder la gauche dans le giron républicain et la prémunir de toute incursion islamogauchiste, est surtout une machine à broyer le religieux, à l’exclure du champ public, à le rendre inopérant. En bref, le Printemps républicain ne se contente pas d’exiger la neutralité de l’espace public, il veut neutraliser les cultes. Dernièrement, le préfet en disponibilité Gilles Clavreul (dont les liens avec les Émirats arabes unis demeurent par ailleurs obscurs), a attaqué la ministre Élisabeth Moreno qui relevait dans un tweet que la fête musulmane de « l’Aïd » tombait le même jour que l’Ascension et en profitait pour envoyer un message amical aux croyants des deux religions : pour notre républicaniste, « la fraternité est une valeur républicaine qui se suffit à elle-même et n’a besoin d’aucune croyance religieuse. Elle rassemble tous les citoyens, et pas seulement les croyants ».
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Il y a chez les membres du Printemps républicain une foi du charbonnier, touchante par sa dimension enfantine. Cette foi en la République et envers Marianne, cette certitude qu’on peut lutter idéologiquement contre l’islamisme en étant républicain, universel et progressiste, interpelle. Elle interpelle car elle est d’une stérilité désolante. Tandis que la théocratie islamiste devrait nous pousser à réinterroger la place de la transcendance et de notre héritage chrétien, les militants du PR se crispent, s’arc-boutent sur un modèle des plus périmés. La laïcité, rien que la laïcité, disent-ils. Comme s’il s’agissait de rejouer le match de 1905. Comme si dans cette bataille, se jouait une confrontation entre la République et les cultes, comme s’il fallait qu’elle réaffirme sa supériorité vis-à-vis de toute autre religion. Ainsi, la limite du raisonnement du Printemps républicain saille à la moindre difficulté : on veut pallier aux carences avec toujours plus de défaillances.
En amputant la France de son histoire et de son héritage chrétien, les laïcards du Printemps républicain se privent de l’arme la plus efficace contre l’obscurantisme : la transmission d’un héritage. Pour cette gauche républicaine, aucun créneau politique n’existe en réalité, synonyme d’un discours qui ne fait plus écho. Pour ce détachement politique des derniers hussards noirs, poursuivre une carrière à gauche signifiera de se prosterner devant les courants décoloniaux perméables à l’islamisme politique. « On ne croit plus au clivage droite-gauche. Le clivage est désormais entre les républicains et les identitaires », affirmait en 2019 Amine El-Khatmi qui réussit l’exploit de proclamer un clivage périmé pour en inventer un nouveau tout aussi faisandé. (...)
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