Jean-Luc Gréau n’est pas un malappris, encore moins un fantaisiste. Il appartient au club, de plus en plus ouvert, de ceux qui, à une époque moins folle, eussent pu prétendre à une trajectoire intellectuelle parfaitement conformiste : économiste libéral de centre-droit, ancien conseiller au MEDEF, il présente toutes les garanties de la respectabilité la plus austère. Pourtant, cet ouvrage est celui d’un esprit hardi, une incitation au déniaisement économique et politique.
Le néo-libéralisme, né sur les décombres du socialisme, n’est pas, selon Gréau, le contraire du socialisme mais son envers. Il en épouse les traits, dont le principal : l’hégémonie d’une bureaucratie, en l’occurrence financière, que l’on pourrait qualifier de nomenklatura bancaire. Extérieure au monde de la production, celle-ci a créé une idéologie par laquelle elle maximise son pouvoir et partant, sa richesse. À leur insu, les traders s’apparentent donc aux techniciens du Gosplan. [...]
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