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Aujourd’hui encore, les petits barons à la Wauquiez préfèrent mourir pour leur pré carré que tendre la main à l’autre droite. Ils ont le mot France à la bouche, mais en réalité il leur brûle les lèvres. Pas l’un d’eux, nous le jurons, ne serait prêt à sacrifier son siège douillet d’élu pour faire triompher des idées communes.
En ce samedi gris de mars, j’avais au téléphone Laurent Wauquiez – ou peut-être était-ce François Fillon, je ne sais plus – et nous parlions de Marion. Je l’appelle Marion mais la déférence que je dois au numéro 1 caché de la grande conjuration que nous bâtissons, et ma future présidente, réclamerait sans doute que je dise Mme Maréchal-Le Pen ou tout simplement Evita qui est nom de code, mais ne le répétez pas. Bref, Laurent Fillon comme nous le nommerons désormais après Frédéric Lefebvre pour simplifier tout ça me demandait si l’ordre du jour d’Evita qui intimait que nous procédions à l’armement des milices périphériques du département de la Loire grâce au prêt gracieux des officiers du 13e RDP devait être appliqué immédiatement ou attendre 2019.
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Je tentais de lui réexpliquer péniblement la procédure : d’abord les alliances locales pour donner un vernis démocratique à notre entreprise, puis le putsch. Mais après les Européennes. J’étais certain qu’il n’avait toujours pas compris ce qu’avait signifié la venue de Bannon en France. Même Frédéric Lefebvre allait intellectuellement plus vite que lui et était sur le point d’éventer la conspiration* . Le premier signal envoyé par Marine, qui après menaces s’était enfin résolue à appeler à voter pour le candidat LR de Mayotte, serait très profitable auprès de l’électorat des Républicains. La recomposition des droites était en marche, si j’ose dire, et les appareils prêts à nouer une grande alliance pour enfin reprendre le pouvoir.
Les petits barons à la Wauquiez préfèrent mourir pour leur pré carré que tendre la main à l’autre droite. Ils ont le mot France à la bouche, mais en réalité il leur brûle les lèvres.
Non, je déconne en fait. Toutes ces évidentes billevesées qu’on croirait nées d’un laborieux scénario de bd de François Durpaire ou de quelque blog gratuit de Mediapart, mais que répéterait sans rire à la télé l’incroyable Frédéric Lefebvre, ancien compagnon de Nicolas Sarkozy, toutes ces billevesées donc prouvent plusieurs choses, savoir que le complotisme n’est pas l’apanage des extrêmes, droite et gauche ; mais aussi et surtout qu’en vingt années, nous n’avons hélas que peu avancé.
Vingt ans après quoi ? Vingt ans après les régionales de 1998 où des soldats d’avant-garde comme Charles Millon dans sa région Rhône-Alpes tombèrent, en vain, au feu. Dans la grande guerre de positions qui sépare au moins deux droites, non pas depuis François Mitterrand mais en réalité depuis la guerre d’Algérie, il avait tenté avec d’autres non de réaliser « l’union des droites » – on n’en parlait pas en ces termes à cette époque – mais au moins de collaborer sur des points de programme précis avec des élus du Front national. Mal lui en prit, on le sait, et cet acte de bravoure signa la fin de son ascension politique. Mais donc, aujourd’hui encore, les petits barons à la Wauquiez préfèrent mourir pour leur pré carré que tendre la main à l’autre droite. Ils ont le mot France à la bouche, mais en réalité il leur brûle les lèvres. Pas l’un d’eux, nous le jurons, ne serait prêt à sacrifier son siège douillet d’élu pour faire triompher des idées communes. Pourquoi ? Seulement parce qu’ils ont peur, peur de ce qu’on dira à la ville et sur les plateaux télé ; peur de la vieille gauche dans ses habits neufs d’En marche dont le réglet est toujours proche de taper sur leurs doigts qu’ils tendent puérilement.
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De ces petits barons, qui chantent des trémolos dans la voix le sacrifice admirable d’un lieutenant-colonel tendant sa gorge au couteau islamiste, et redoutent toute la sainte journée qu’on les voie seulement serrer la pince d’un membre de la droite nationale, que fera-t-on ? On s’en passera. On refera une France libre depuis ailleurs, comme jadis. On appellera leurs électeurs à délaisser leurs bulletins. On construira autre chose, sans eux. Et tant qu’ils n’auront pas changé leur disque rayé, on restera leur cauchemar.
*Chaos (Histoires secrètes de la guerre des droites), de Frédéric Lefebvre, Michel Lafon
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