LA FAVORITE
FOREVER MEANS, ANGEL OLSEN, Jagjaguwar, 21 €
Adolescent, avant que je sache vraiment ce que voulait dire le mot misogyne, c’est-à-dire avec l’innocence d’un garçon qui tire les couettes des petites-filles de la même façon qu’il ferait des croche-pieds à ses camarades qui lui voleraient le ballon, je n’écoutais presque aucune chanteuse. Je n’ai jamais vraiment su pourquoi. Désormais, je ne tire plus les cheveux et j’essaye d’éviter de bousculer mes congénères. Mieux : j’écoute de plus en plus les femmes chanter. Je me fais bien voir dans les bars en le disant assez fort pour être entendu à la table d’à côté, où une jeune fille plutôt mignonne a l’air de laisser traîner une oreille de mon côté. Depuis son magnifique précédent album Big Time, ma préférée est Angel Olsen. Avec cette voix voilée, tragique et suave, qui touche les aigus des cristaux tristes, elle donne le blues avec une country sophistiquée qui sent le whisky laissé sur une table en bois toute une nuit et qu’on découvre au petit matin avec des souvenirs épars et des regrets divers. La voici revenue avec un cinq titres merveilleux où elle ajoute à sa palette un air jazz qui rappelle les ambiances du Samourai de Melville. Emmanuel Domont [...]
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