Dans De l’Esprit des lois, Montesquieu distinguait la loi et les mœurs : il y a d’un côté les institutions formelles du législateur, et de l’autre celles plus incarnées de la nation. Inlassable archéologue de la démocratie française, l’historien Pierre Rosanvallon propose dans un nouvel ouvrage d’y ajouter une troisième dimension : les « institutions invisibles », que sont la confiance, l’autorité et la légitimité. Plus psychologiques, interactives et instables que les autres, de l’ordre du moral des sociétés dont elles incarnent la face vivante, ces institutions aussi insaisissables que fondamentales ont une double fonction : organiser le commun et produire du temps social. « Ces institutions invisibles sont les plus efficaces des moyens de gouvernement en même temps qu’elles peuvent exprimer, lorsqu’elles font défaut, les oppositions les plus sourdes et constituer les résistances les plus insurmontables. » Toute notre crise politique est là, et voilà notre ponte de la social-démocratie, professeur au Collège de France et directeur d’études à l’EHESS, embarqué sur une pente aux fortes potentialités antimodernes – car on touche là à des processus souterrains fort peu malléables. [...]
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