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L’ancienne famille impériale fait son grand retour sur la scène politique brésilienne. Luiz Felipe a été élu député fédéral du parti social libéral et relance les espoirs de restauration monarchique.
7 octobre, les Brésiliens retiennent leur souffle. Tout au long de la journée, ils ont été des millions à se déplacer pour renouveler les 513 députés du parlement et autres élus provinciaux. Les résultats tombent un à un. Le Parti Social-Libéral du candidat Jair Bolsonaro rafle la mise avec 52 sièges, se positionnant comme le premier parti d’opposition du pays juste derrière le Parti des Travailleurs qu’il talonne de peu. Parmi tous les candidats élus, un nom a retenu particulièrement l’attention des médias. Celui d’un membre de la maison impériale.
«Le prince». C’est ainsi que Luiz-Philippe d’Orléans –Bragance est surnommé par les brésiliens. A 49 ans, ce descendant des deux empereurs du Brésil, dont la monarchie n’a pas excédé sept décennies d’existence entre 1822 et 1889, a été l’objet de toutes les passions. Notamment dans la mouvance monarchiste qui s’est largement divisée sur son engagement au côté d’un parti dirigé par un leader aux déclarations controversées. Luiz-Philippe a été de tous les combats politiques. En septembre 2016, il précipite même avec son mouvement politique, Acorda Brasil, la chute de la présidente Dilma Rousseff, destituée lors d’un vote parlementaire. Le destin de cet entrepreneur, partisan d’une économie libérale, est en marche. Derrière lui une «machine de guerre» prête à suivre ce membre de la dynastie impériale qui incarne le renouveau du monarchisme brésilien, moribond depuis l’échec de la restauration de l’empire lors du référendum de 1993. Lorsqu’il annonce son engagement au côté de Jair Bolsonaro, le prince a déjà fait éditer un livre à succès quelques mois auparavant «Pourquoi le Brésil est-il un pays arriéré? – que faire pour entrer enfin au XXIe siècle» et a participé à toutes les manifestations anticorruptions.
Discrètement et sans prendre position afin de rester dans le principe de neutralité qui s’impose, la famille impériale s’est lancée dans la bataille
Friands de réseaux sociaux, les monarchistes sont extrêmement bien organisés et vont rapidement couvrir autant la campagne du prince que celle du Parti-Social Libéral (PSL). Notamment parmi les plus conservateurs d’entre eux, ce que l’on nomme les Vassouras, du nom de cette branche qui revendique le trône et dont l’octogénaire Louis-Gaston est le chef de la maison impériale. Dans le sang de Luiz-Philippe coule celui de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Il n’hésite pas à mouiller ses chemises, multiplie les meetings et les conférences en caméra sur Facebook. Pressenti pour être même le futur vice-président au côté de Bolsonaro, le prince marque des points. Sa famille aussi. Le 3 avril, Dom Bertrand, le frère du prétendant au trône, appelle autant ses partisans que ses concitoyens à «prendre les rues du Nord au Sud du Brésil».
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Discrètement et sans prendre position afin de rester dans le principe de neutralité qui s’impose, la famille impériale s’est lancée dans la bataille. Refus du mariage pour tous, critique de l’avortement, défense de la religion catholique, le Parti des Travailleurs, une extrême-gauche responsable de tous les maux du pays. Le programme de Jair Bolsonaro auquel adhère le prince Luiz-Philippe qui répète, lors de toutes ses interview et à satiété, qu’il est «un homme libre». Non dynaste suite au mariage inégal de son père, il préserve ainsi la famille impériale de toutes collusions avec le PSL dont il porte les couleurs mais qui ne se prive pas de prendre la parole en pleine rue. Lors d’une importante manifestation pro-vie, 2 jours avant le scrutin, le prince Dom Bertrand a harangué ses partisans du haut d’un char, dont la plupart était habillé d’un tee-shirt orné du portrait de Bolsonaro et agitait l’ancien drapeau impérial. Une proximité entre le PSL et la branche des Vassouras difficile à ignorer. D’ailleurs le communiqué officiel de la maison impériale, à la veille du scrutin, ne faisant pas mystère de son choix, «invitant tous les monarchistes et tous les brésiliens à empêcher une nouvelle dictature vénézuélienne de s’installer au Brésil».
112 000 voix plus tard, le nouveau député de Sao Paulo entend porter la voix d’un nouveau Brésil conservateur et de l’idée monarchique au sein d’un hémicycle qui a brisé le blason de sa maison lors d’un coup d’état. «La monarchie, qui a bien plus de vertus que la République, fait partie de l’identité nationale. Plus nous nous éloignons de cette identité, plus l’état se désagrège» déclare le prince Luiz-Philippe, mandaté par le «Trump brésilien» pour aider à la rédaction d’une nouvelle constitution. Un nouveau pari sur l’avenir pour les Vassouras, décidément bien proches de Jair Bolsonaro.
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