Si l’avènement de l’empire du Bien est indéniable, il a perdu son apparence faussement débonnaire pour laisser tomber le masque qui révèle un visage hideux et déformé par la haine. La nouvelle génération, baignée dans la fête et bercée dans le cocon doucereux du bien, incapable d’imaginer le Mal, l’a développé en son for intérieur. Enfants gâtés pour qui le monde se plie perpétuellement en quatre, ces nouveaux jeunes – comme on pourrait dire « nouveaux riches » – ont nourri en eux une haine absolue d’une société qui leur permet d’exister et qu’ils veulent détruire avec ferveur.
Il y a quelque chose de fascinant à voir la génération smartphone s’élever contre la société de consommation alors qu’ils en sont à la fois les produits et les organes vitaux : si le Capital est de toutes les luttes du Bien, de tous ces truismes martelés sans relâche, ce n’est pas par conviction. Le Capital n’en a pas plus que ses adversaires-séides. C’est qu’il a compris que ces anti-tout n’étaient en fait que des consommateurs affamés : consommateurs de concepts jetables et de produits pérennes. Le prémâché vite digéré idéologique, et les pailles en carton recyclables. Twitter, Facebook et toutes les start-ups cools de la Silicon Valley se parent des couleurs de l’arc-en- ciel et censurent la pensée hétérodoxe comme un KGB souriant. On tweet sa révolte écologique depuis son iPhone dernier cri fait à partir de métaux lourds extraits par des enfants en Afrique, entre deux voyages en avion pour aller faire la fête pas cher dans des pays aussi magnifiques que miséreux. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !