Avec L’ARCHIPEL DU CHIEN, Philippe Claudel semble avoir compris de travers la maxime de Baudelaire, ce qui est ennuyeux. Si « créer un poncif, c’est le génie », que dire de celui dont l’ouvrage est créé par le poncif ?
Appelle-t-on œuvre l’accumulation des poncifs de l’époque ? Peut-on appeler écrivain celui dont la tâche consiste à mettre en application la doxa ? J’opterais pour tâcheron. Philippe Tâcheron (nous ne pouvons pas lui laisser usurper et salir un si beau patronyme) a commis un « roman ». Chaque personnage y est une caricature. Un poncif, oui, mais Baudelaire disait créer, pas copier. Un jour nous prendrons le temps d’expliquer. Bon élève qu’il est, il s’attache à décrire par le menu chaque nouveau personnage qui apparaît. Son habillement, son surnom (généralement très fin), son hérédité, son caractère physique, etc. Croyant faire du Balzac, il fait du collégien. Parfois il veut faire du Giono, nous faire sentir la terre, les éléments naturels et l’on frise le pathétique. Tout sonne faux, tout est kitsch, tout est toc. Du début à la fin, on ne croit absolument pas à son histoire ni à ses personnages. Un drame, pourtant, ça devrait faire trembler ; si l’on tremble, ce n’est que secoué par le rire nerveux que provoque sa verve caricaturale. Le comble est atteint lorsqu’il s’attelle à créer un curé, un commissaire. Son curé en soutane, amoral, a les oreilles si sales que les abeilles y font leur miel. Il ne sait plus s’il croit en Dieu. Le commissaire ne fait que boire de l’alcool, il est très méchant, cynique, sans scrupules. Avouez que (…)
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