Ce nouveau tome du journal couvre les années 1992 et 1993, soit sept cents pages pour seulement deux années de la vie de Muray ! Des années qui voient l’apothéose de la Mitterrandie putrescente : référendum sur le traité de Maastricht, suicide de Bérégovoy, lancement d’Arte… Elles voient aussi l’acculturation de la France à l’american way of life, dont l’implantation d’EuroDisney fait alors augure d’effroyable symbole. Mais le pays, déjà, sécrète ses premiers anticorps comme L’Idiot international auquel Muray contribue. Lui traverse presque indemne ces sinistres années en pratiquant, comme à son habitude, l’art du dégagement aristocratique, tout en excitant à tout propos sa misanthropie native jusqu’à aggraver méthodiquement chaque symptôme de son « rejet de greffe ».
Sous son plus mauvais jour
Ultima necat est désormais pour lui une forme d’automédication : « Je n’écris plus, je produis du contrepoison ». Il est également une arme privilégiée dans la guerre permanente qu’il livre à l’époque, mais aussi aux autres qu’il tient à distance comme pour les empêcher d’altérer sa singularité. Le journal est le moyen de leur échapper mieux, sa tenue quotidienne participe et témoigne d’un art de vivre caché : « Qu’est-ce que tenir son Journal ? Multiplier les pensées clandestines, les actes négatifs, traverser la vie en fraude, tromper tout le monde ». [...]
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