La multinationale Auchan va faire cultiver les centaines d’hectares qu’elle possède autour de ses hypermarchés pour se fournir « localement ». Après les caissières, les paysans Auchan™. Les médias raffolent déjà du concept de « fermes urbaines » dans des tours de verre, comme ce projet à Romainville ou à Doel aux Pays-Bas.
Dans le silence général, une enquête du belge Chris de Stoop raconte l’envers du décor : la disparition des fermes et de la nature paysanne. Ceci est ma ferme (Christian Bourgois) est le titre de ce récit à la fois touchant et terrifiant. C’est le cri du frère de l’auteur adressé aux administrateurs du port d’Anvers et à leurs alliés paradoxaux « Les gardiens de la nature », à tous ces expropriateurs qui se succèdent au village de Doel. Dans le cri de désespoir de ce vieux garçon, pauvre chrétien qui finira par se suicider, on entend bien sûr « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, livrés pour vous… » Mais nulle espérance dans l’ancienne Zélande.
Les polders (terres asséchées pour la culture) de cette contrée ont été réalisés au XIIe siècle. Ce sont les champs « les plus féconds d’Europe ». On y fait paître les vaches, on y cultivait le lin, avant le maïs. Alors, pourquoi les supprimer? Parce qu’ils sont limitrophes du port d’Anvers qui s’agrandit encore et encore, pour faire entrer des porte-containers plus hauts que des cathédrales. Pour compenser la bétonisation, les écologistes ont obtenu la création de « zones naturelles protégées ». Pour cela, il faut une fois de plus grignoter sur les polders, « dépoldériser », c’est-à-dire exproprier les paysans. Chris de Stoop appelle cela de « l’écocentrisme ».
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