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Paul-François Paoli : « L’État n’a pas à baisser les bras devant les revendications des minorités semi-étrangères ou devant le pouvoir de l’émotion »

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Publié le

24 septembre 2020

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Dénonçant le vide des valeurs abstraites et messianiques de l’universalisme républicain, le journaliste et essayiste Paul-François Paoli en appelle à retrouver l’identité concrète du peuple français afin d’en éviter la totale désagrégation.
Manif Traoré

Vous établissez un distingo très net entre la notion d’identité et celle de valeur. De quoi s’agit-il ?

Je suis parti de l’idée selon laquelle on ne peut soutenir que des « valeurs » fondent un peuple. Un peuple, autrement dit une collectivité située dans un espace historique particulier et que caractérise un certain nombre de traits comme la langue ou les mœurs, existe indépendamment de ses valeurs officielles. Prenons le cas de trois peuples qui ont succombé aux « valeurs » du totalitarisme, les Japonais, les Allemands et les Italiens. La rapidité avec laquelle ils se sont, en quelques années, convertis à la démocratie libérale est stupéfiante, particulièrement dans le cas allemand où, comme l’a montré Ian Kershaw, la masse du peuple a quand même fait confiance à Hitler jusqu’en 1944. Cela avait profondément choqué Hannah Arendt. Les Japonais qui furent nationalistes et impérialistes firent d’excellents consuméristes après deux bombes atomiques. Quant aux Italiens qui choisirent pour leur grande majorité Mussolini jusqu’en 1935, sans toutefois adhérer au fascisme, ils votèrent après 1945 massivement pour la démocratie chrétienne et le Parti communiste. Et c’était bien le même peuple ! Et que les Irlandais soient aujourd’hui moins catholiques qu’autrefois n’empêche pas qu’ils soient toujours Irlandais.

Un peuple change beaucoup moins que ses valeurs proclamées

Un peuple change beaucoup moins que ses valeurs proclamées. Je m’inscris donc en faux contre un discours qui suggère que la République et ses idéaux fonderaient l’existence même du peuple français et le légitimeraient en quelque sorte. Ce discours n’est même pas conscient de lui-même bien souvent, alors même qu’il est faux anthropologiquement, logiquement, historiquement et psychologiquement. Les valeurs dites républicaines – liberté, égalité, fraternité, laïcité – ne sont que des valeurs qui peuvent être relativisées, discutées ou contestées. En aucun cas, elles ne constituent le peuple français ou alors c’est ce que celui-ci n’a pas de consistance propre. [...]

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