Il est urgent d’être conservateur, urgent de rendre toute sa légitimité politique au conservatisme, mais sans laisser la vie politique se reconfigurer autour du clivage progressiste / conservateur. Qui est un piège, tendu par Emmanuel Macron tout particulièrement.
En rangeant sous l’étiquette de conservateurs ceux qui ne ralliaient pas le projet libéral-libertaire qu’il incarnait, Emmanuel Macron entendait disqualifier ses adversaires en les assimilant à des forces du passé. Et alors que la France a plus que jamais besoin de se voir insuffler une inspiration nouvelle, il peignait ses opposants en tristes personnages soupirant après le monde d’hier, en partisans du statu quo, en désolants « déclinistes » c’est-à-dire des êtres bons qu’à une chose : enregistrer les pertes, les inventorier et s’en affliger, sans espoir de solution. De fait, se présenter sous l’étiquette de conservateur, c’est prendre le risque du malentendu, prêter le flanc à toutes les simplifications et caricatures et sembler ne pas répondre à l’urgence du présent.
Il nous faut donc être inventifs, le défi étant de trouver une appellation capable de dire la dynamique, l’énergie que recèle le conservatisme. La fidélité à soi, au passé, le souci d’assurer un avenir à notre civilisation n’immobilisent pas mais au contraire éperonnent, aiguillonnent. Il nous appartient de le marteler et de l’incarner. Il ne s’agit pas de restaurer un quelconque monde d’hier, un éden que nous peinerions bien à trouver. Le conservatisme, ce thème cher à Hannah Arendt inspirée de Cicéron, c’est (...)
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