28 février, deux communiqués de presse remettaient en cause la place de la Russie dans l’ordre sportif international. Le premier émane du Comité international olympique, et encourage toutes les fédérations sportives internationales à exclure la Russie et ses athlètes. Le deuxième provient de la plus puissantes de ces fédérations, la FIFA, commun avec sa branche européenne l’UEFA, et annonce la suspension des clubs et de la sélection russes de toutes les compétitions internationales, au premier rang desquelles la Coupe du monde au Qatar cet automne. Les deux instances les plus influentes du sport mondial frappaient conjointement, quatre jours seulement après l’ouverture des hostilités. La plupart des fédérations mondiales d’importance se sont jointes à cette offensive éclair sur le sport russe. Le mondial de volleyball qui devait avoir lieu cet été dans le pays a été délocalisé, en Formule 1 le Grand prix annuel de Sotchi n’aura pas lieu, les trois clubs russes encore en lice dans l’Euroligue de basket, l’équivalent de la Ligue des champions, en ont été exclus, les quatre grandes fédérations de boxe mondiale ont fait taire leurs conflits permanents pour décider de l’interdiction des combats en Russie… On pourrait multiplier les exemples à l’envi.
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Il faut remonter assez loin pour observer une telle unanimité dans la fermeté. Même la Yougoslavie de Miloševi2 n’avait pas connu une telle ostracisation sportive. En fait, le seul pays ayant subi un traitement comparable à celui de la Russie est l’Afrique du Sud de l’apartheid, bannie de toutes les compétitions d’importance, sauf en rugby, du début des années 1960 à celui des années 1990. On rappelle qu’à l’époque le cœur du problème provenait de ce que l’Afrique du Sud refusait de faire concourir des équipes racialement mixtes et des athlètes noirs. Les sanctions n’étaient donc pas simplement motivées par la politique générale de l’état sud-africain mais surtout par des considérations strictement sportives. Et elles s’étaient mises en place graduellement, puisque le régime d’apartheid existait depuis 1948. Par leur fulgurance et leur régime d’application, les mesures prises à l’encontre de la Mère Russie relèvent donc de l’inédit. [...]
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