Février 1861, la forteresse de Gaète tombe aux mains de l’intraitable général Cialdini après cinq mois d’un siège acharné entre Piémontais et Napolitains. Le contexte ? Le Risorgimento mené par Garibaldi et Victor-Emmanuel II de Savoie. Parmi les figures de la résistance du côté des Napolitains, Sa Majesté elle-même : la reine Marie-Sophie des Deux-Siciles. Âgée de 19 ans, récemment mariée à François II, cette jeune fille est l’exact opposé de son époux : on le décrit plutôt laid, elle est ravissante ; il est falot, on ne remarque qu’elle ; il est pusillanime, elle est d’un courage inébranlable. C’est elle, en effet, que l’on croise sur les remparts de Gaète, bravant les boulets de canons piémontais, dans les venelles éventrées de la ville, venir en aide aux civils, à ses valeureux soldats, exemplaire et superbe. Elle fait l’admiration de ses contemporains, aussi bien parmi les têtes couronnées que chez les peintres, écrivains, sculpteurs et autres artistes qui voient personnifié à travers ces traits d’une beauté insolente le courage même. C’est la naissance de la reine-soldat, idolâtrée par Marcel Proust qui s’en inspire pour le personnage de la princesse de Guermantes dans sa Recherche.
La Recherche, c’est aussi le titre qu’aurait pu donner Lorraine Kaltenbach à sa biographie consacrée à l’héroïne de Gaète. En effet, si Marie-Sophie est une icône de la seconde moitié du XIXe siècle, avouons que seuls quelques férus d’histoire se rappellent qu’elle est une Wittelsbach, la cadette de l’indocile Sissi, impératrice d’Autriche, et qu’elle aussi draina son lot de tragédies en étant une reine privée de royaume, une mère privée d’enfant et une épouse privée d’amour. [...]
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