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Stellar Blade : les fesses de la discorde

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Publié le

12 septembre 2024

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Depuis plusieurs années, le jeu-vidéo est ravagé par une terrible guerre idéologique entre wokes et gamers. Dernière polémique en date, Stellar Blade, jeu coréen étrillé par la presse occidentale pour son héroïne sexy, a déchaîné Internet. Une simple histoire de fesses ?
© Stellar Blade
© Stellar Blade

Le monde du jeu-vidéo est en conflit ouvert depuis 2014 et l’éclosion du « GamerGate », mouvement Internet informel né du mécontentement de nombreux joueurs après la révélation de plusieurs affaires accusant, pour faire simple, la presse vidéoludique occidentale de collusion avec certains intérêts financiers de l’industrie et d’une orientation éminemment progressiste. Le GamerGate allait alors rapidement s’associer à l’émergente « alt-right », cette cyberdroite américaine dégoûtée du Parti républicain qu’elle jugeait trop modéré et centriste, notamment sur les questions d’immigration. À l’aise sur les réseaux sociaux, cette coalition originale contribua avec son armée de trolls et de memes à faire élire D. Trump en 2016 à la surprise générale. L’industrie du jeu-vidéo se réveilla ainsi avec la gueule de bois : son public vocal et adulescent participa à l’élection de ce qu’elle considérait être avec le reste de l’élite bien-pensante la réincarnation d’Hitler. Pour se racheter une bonne conscience, les entreprises du milieu passèrent alors nettement à gauche, ouvrant grand leurs portes à la nouvelle idéologie woke. Puisque le peuple avait mal voté, celui-ci devait être rééduqué par tous les moyens possibles. Depuis, le jeu vidéo occidental connaît la même propagande « diversitaire », soutenue par la presse spécialisée, que Netflix ou Hollywood. En revanche, de l’autre côté de l’Oural, l’industrie n’est touchée que modérément par ce phénomène pour le plus grand bonheur des internautes issus du « GamerGate », toujours à l’affût.

Venons-en donc à la polémique qui nous intéresse. « Stellar Blade », jeu sud-coréen, fut ainsi largement promu au cours du printemps 2024 grâce au physique et aux tenus hypersexualisés de son héroïne callipyge. Ce marketing « à l’ancienne », rappelant la Lara Croft pulpeuse des années 90, provoqua immédiatement l’ire de la presse vidéoludique occidentale, dénonçant son « sexisme ». Ainsi, dans un article depuis caviardé pour IGN France, l’un des sites de référence du milieu, le journaliste Ben Ossola déclarait que l’héroïne Eve n’était qu’une « poupée sexualisée par quelqu’un que l’on croirait ne jamais avoir vu de femme ». Une remarque malhabile puisque le directeur du jeu travailla avec son épouse sur le titre et que leur personnage est en vérité inspirée de la mannequin Shin Jae-eun. En revanche, Ossola avait raison d’écrire plus loin que celle-ci était « perdue sous des strates de modifications plastiques maladroites qui la rendent méconnaissable, de corps comme de visage ». Internet étant ce qu’il est, seule la première partie de l’article fut reprise et traduite en anglais, déclenchant sur les réseaux sociaux une vague de critiques mondiales façon « GamerGate » à l’encontre du journaliste, que son rédacteur en chef, Erwan Lafleuriel, défendit avec un message démentiel, déclarant que ce design sexy « ne choque pas les gens qui pensent que les femmes sont des objets qui doivent obéir et être battues » et « qui se font taper dessus, tuer, dénigrer ou qui se suicident parce qu’elles ne peuvent pas être dans les standards fictifs espérés par les hommes » (sic). Devant l’ampleur du tollé, IGN France dut retropédaler et présenter ses excuses. La polémique continua cependant à la sortie du jeu en avril, lorsque les joueurs constatèrent que les tenues les plus dénudées de l’héroïne, promises par les publicités du titre, avaient été rhabillées sous la pression woke. Une pétition contre cette censure recueillit alors plus de 90 000 signatures (!) et les costumes furent finalement rétablis dans leur design initial. On a vu combat plus glorieux.

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Surréaliste, absurde, stupide, puérile : les mots ne manquent pas pour qualifier cette controverse si on la considère comme le simple affrontement de gamers obsédés sexuels contre une presse voulant jouer la carte de la respectabilité et du bon goût. Ce serait là prendre le doigt, ou plutôt les fesses, pour la lune qu’elles montrent, sans mauvais jeu de mots. S’illustrent en effet dans cette affaire deux dogmes fondamentaux du wokisme : la représentation des femmes et le rapport à la sexualité. Premièrement, les wokes, dans leur lutte radicale contre un supposé « patriarcat » remplaçant la bourgeoisie du marxisme, refusent toute représentation de la femme qui fait d’elle, en tant que néo-prolétaire, un être « soumis » aux fantasmes de l’homme. Ainsi, une autre héroïne bien connue des gamers, Bayonetta, sorcière au style de dominatrice BDSM combattant une confrérie magique ouvertement inspirée du christianisme, est saluée par la presse vidéoludique, qui voit en elle une figure d’ « émancipation ». À l’inverse, par son caractère « fade » (Ossola), Eve constitue une projection « patriarcale » de la féminité qu’il convient de combattre. Pour les wokes, une femme qui n’est pas en guerre contre les hommes n’est pas une femme, de la même manière qu’un ouvrier refusant la lutte des classes n’est qu’un traître pour les marxistes. Une vision qui permet de comprendre pourquoi les représentations féminines wokes vont toujours à l’encontre des critères de beauté « traditionnels », ici lascivement symbolisés par Eve et ses tenues trop moulantes, vus comme autant de chaînes dont il faudrait délivrer le sexe faible.

Gloire donc aux cheveux courts vert fluo, aux tatouages, à la grossièreté, aux poils sous les bras, aux septums percées et aux formes ingrates ! Après la déconstruction des normes, se révèle ici l’autre matrice fondamentale du wokisme et de la gauche, que Nietzsche avait déjà identifiée à son époque : le ressentiment. Non contre les riches comme chez les communistes, mais contre la beauté ! N’ayons pas peur de le dire, les wokes sont avant tout des « kalophobes », c’est-à-dire des êtres qui haïssent la joliesse, parce qu’elle les renvoie à leur propre laideur morale et physique ! Mais cette décadence va plus loin : incapables de noblesse d’esprit et donc en fait de vitalité, les wokes cherchent secondement à abattre toute forme d’eros, d’où leur goût pour la hideur et la pruderie. Rongés par leur pulsion de mort nihiliste et leur « haine du monde » (Delsol), les voilà qui crient alliés aux islamistes : « Cachez ce sein que nous ne saurions voir ! » Un renversement de plus de l’identité européenne, née avec l’art grec du nu et son érotisme subtil, à ne pas confondre évidemment avec la pornographie actuelle, d’essence américaine.

À ce titre, force est d’admettre que l’héroïne hypersexualisée du titre coréen tient davantage de cette dernière que de la statuaire hellénique et se montre effectivement trop vulgaire pour le bien de notre argumentaire. Face au puritanisme islamowoke d’un côté et à l’obscénité libérale de l’autre (telle qu’on la trouve dans Stellar Blade ou la musique pop), conservateurs authentiques doivent présenter une troisième voie, celle du milieu, celle de l’Europe. Empreinte de pudeur et d’élégance, celle-ci n’idolâtre ni n’exile l’acte charnel et les relations entre les deux sexes. La robe plutôt que la burqa, la jupe plutôt que les leggings : ni ange ni bête, la femme de droite sait se montrer sensuelle sans indécence. Quant à son époux, il sait être viril mais courtois, raffiné sans afféterie. Créature médiane entre le Ciel et la Terre, l’homme n’est ni seulement un esprit ni seulement un corps mais les deux, associés à l’âme selon l’anthropologie tripartite des pères de l’Église admirablement défendue par Michel Fromaget. Alors, à quand le Cantique des Cantiques pour notre étendard ?

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