Comme tous les mois, Marie Dumoulin dresse sa Chronique des crottés, et s'intéresse au sort des semences.
Le 1er novembre a été promulguée la loi « Agriculture et Alimentation », dite « Egalim » parce qu’issue des états-généraux de l’alimentation. Elle constitue plutôt une avancée dans la défense des producteurs contre l’industrie agroalimentaire. Mais elle était auparavant passée par la censure du Conseil constitutionnel qui, pour des « raisons de procédure contraire à la Constitution », a rejeté près d’un quart des articles. L’un d’eux autorisait la vente des semences anciennes aux particuliers, une avancée souhaitable pour la liberté des consommateurs.
Une semence ancienne est formée des graines, souvent rares et particulières, produites par des plantes qui ne sont plus cultivées ni même connues depuis des décennies. Un exemple parmi des millions d’autres : le petit épeautre du Lubéron. Ce triticum monococcum est la plus ancienne céréale connue sur notre sol, cultivée dans le bassin méditerranéen depuis 11 000 ans. Comme par hasard, c’est dans la période de l’après-guerre que l’on vient rompre avec cette culture millénaire : poussés par l’idée de progrès ambiante, les paysans abandonnent cette espèce locale pour une espèce commune plus productive.
À cette époque, sous couvert de « progrès génétique », on déconnecte en effet la production de semences du cycle de culture interne à chaque ferme, dans un objectif de standardisation et d’industrialisation. Les grandes firmes semencières s’engraissent pendant que l’épeautre méditerranéen est progressivement oublié. Ses graines disparaissent, jusqu’à ce jour des années 1990 où quelques-unes sont exhumées du fond de grange où les avait oubliées un paysan du Vaucluse. (...)
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