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Villeneuve-Saint-Georges : Louis Boyard et La France insoumise aux portes de la ville

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Publié le

31 janvier 2025

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Ce dimanche, les électeurs de Villeneuve-Saint-Georges pourraient confier les rênes de leur ville à Louis Boyard, le « tribun » de la génération TikTok. Entre candidat pro-Hamas, soutien fiché S et agitation médiatique, il s’agit d’un test grandeur nature pour LFI.
Le jeune insoumis s'est qualifié au second tour des élections municipales de Villeneuve-Saint-Georges. © Facebook Louis Boyard

Arrivé en tête au premier tour avec 24,89 % des voix, soit 1 046 suffrages exprimés, le député insoumis espère transformer l’essai et décrocher la mairie d’une ville frappée par le déclin et les tensions sociales. Derrière lui, Kristell Niasme (Les Républicains) a recueilli 22,70 % (954 voix), suivie de Daniel Henry (union PS-PCF-Les Écologistes) à 20,70 % (870 voix). Le maire sortant Philippe Gaudin (Divers droite), quant à lui, s’effondre à 15,54 % (653 suffrages), signe d’une défiance massive des électeurs. Mais ce qui frappe avant tout, c’est l’abstention abyssale de 66,46 %, révélant une population désabusée, en quête d’autre chose que des postures idéologiques et des shows médiatiques.

L’ascension d’un produit médiatique

À 23 ans, Louis Boyard est déjà un phénomène, mais un phénomène artificiel. Avant de s’illustrer dans l’hémicycle, il a été chroniqueur chez Cyril Hanouna, où il se vantait d’avoir « dealé pour payer ses études ». Une confession qui, loin de lui nuire au sein des rangs de la gauche, lui a offert l’image du « jeune de la vraie vie », alors même que son parcours a plus de points communs avec une ascension téléguidée qu’avec un engagement de terrain.

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Né en Vendée, fils d’un cadre de la SNCF, il a grandi dans le confort de la classe moyenne avant de se découvrir une vocation de frondeur dans les rangs de l’Union nationale lycéenne. Dès lors, il applique méthodiquement le manuel du jeune insoumis modèle : occupations de facs, harangues sur la précarité étudiante, idolâtrie de Jean-Luc Mélenchon et mépris ostensible pour ses adversaires politiques, marque de fabrique de sa famille politique.

Lorsqu’il est élu député en 2022, il ne perd pas de temps à faire ses classes. Pourquoi apprendre, quand on peut buzzer ? Très vite, il fait parler de lui en refusant de serrer la main d’un élu du Rassemblement national. Pas très innovant. Puis il lance un absurde « Blocus Challenge » sur TikTok pour inciter les lycéens à bloquer leurs établissements.

Peu importe que les jeunes concernés y voient un mot d’ordre creux et déconnecté : l’important, c’est l’impact numérique. Car Boyard est d’abord une créature du réseau, un influenceur en écharpe tricolore qui confond la politique avec une télé-réalité où chaque clash alimente sa popularité.

Le vide comme horizon

À l’Assemblée, le député du Val-de-Marne n’aura laissé qu’une empreinte fugace : quelques coups d’éclat, un mépris ostensible des institutions et une obsession pour l’instrumentalisation de la jeunesse à des fins partisanes. Ses outrances ont fini par exaspérer jusque dans son propre camp. Nombreux sont les Insoumis qui l’observent avec scepticisme, redoutant qu’il ne se brûle les ailes par excès de médiatisation. Sa tendance à la mise en scène ne séduit pas tout le monde : il divise, il irrite, il fatigue.

Villeneuve-Saint-Georges est-elle prête à confier sa mairie à un tel personnage ? Ceux qui en doutent devraient s’attarder sur son programme. À moins de considérer les slogans en 280 caractères comme une politique municipale, il est difficile d’y trouver autre chose qu’un recyclage des vieilles recettes clientélistes de la gauche radicale. Avec lui, les habitants peuvent s’attendre à une gestion faite de postures et de slogans, où le bruit l’emporte sur l’action. Son implantation locale est factice, son projet inexistant, son éthique politique caricaturale.

Un candidat pro-Hamas sur sa liste

Les derniers jours de campagne ont vu émerger une polémique dont Boyard se serait bien passé. À la suite des révélations de nos confrères de Frontières, la présence sur sa liste de Mohammed Ben Yakhlef, militant ouvertement pro-Hamas, a suscité l’indignation. Ce dernier s’est illustré par des prises de position radicales sur les réseaux sociaux, qualifiant notamment les attaques du 7 octobre 2023 de « résistance héroïque » et accusant la France de « complicité dans un génocide à Gaza ». Un profil explosif qui a provoqué une onde de choc jusque dans les rangs de la gauche.

Illustration ? Le Parti socialiste, initialement favorable à une alliance avec Boyard pour le second tour, a exigé au préalable le retrait de Ben Yakhlef de la liste insoumise. Face au refus du député, les négociations ont achoppé, laissant Boyard isolé à gauche. Daniel Henry, tête de liste PS-PCF-EELV, a fini par jeter l’éponge et renoncer à fusionner avec Boyard, évoquant des divergences profondes, tant sur la question du colistier controversé que sur la répartition des places sur une liste commune. Mais en ne donnant pas de consigne de vote, la gauche reste une fois de plus prisonnière du piège insoumis.

Lire aussi : Le séparatisme par les urnes

Lorsque Jordan Florentin se rend aux dépouillages des urnes du premier tour, un individu alors inconnu le menace de lui « couper la tête ». Nous apprendrons plus tard que son agresseur s’appelle Mohammed Amrouchi et qu’il a été fiché S en 2021 pour islamisme. On a les soutiens qu’on mérite.

Une élection-test pour La France insoumise

Au-delà de Villeneuve-Saint-Georges, ce scrutin est aussi un test grandeur nature pour la stratégie locale de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon et son entourage voient en Louis Boyard un prototype du nouvel élu insoumis, capable de fédérer une jeunesse électorale souvent abstentionniste, quitte à se focaliser sur le vote communautaire, et d’ancrer LFI dans les territoires populaires. Mais si Boyard échoue, c’est toute cette stratégie qui sera remise en cause. Son score relativement bas, dans une ville où la gauche radicale aurait dû faire le plein, témoigne des limites du tout-communication, face aux attentes réelles des habitants. La prophétie de Michel Houellebecq dans Soumission, verra-t-elle le jour ? Réponse dimanche.

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