En ce 9 août 1793, le rédacteur du Journal de la Montagne n’en croit pas ses oreilles de sans-culotte. À la tribune de la Convention,le député du Nord Eugène Gossuin vient d’annoncer l’avènement d’une « constitution républicaine, symbole de vertu et de bonheur ». Sur les 44 000 communes composant le territoire de la République, toutes ont marché d’un même pas, en approuvant le texte avec un bel enthousiasme. Toutes ? Non, une seule avait « eu la bassesse de voter pour le rétablissement de la royauté, et de demander que le fils de Capet montât sur le trône. Cette municipalité est celle de Saint-Thomas, district de Saint-Brieuc, département des Côtes-du-Nord, et c’est le maire, nommé Vetol-Terrier qui a déterminé les citoyens à émettre ce vœu infâme ». De son côté, le Journal de Paris parle de la commune de Saint-Tonnant et d’un certain Ivelot-Tellier, « chassé de l’assemblée électorale pour son incivisme ». Mieux informé, Le Républicain français donne l’orthographe exacte du courageux édile : Yves L’Hôtellier, maire de Saint-Donan.
Car il ne fallait pas manquer d’intrépidité, alors que la Terreur vient d’être mise à l’ordre du jour, pour défier ainsi la dictature parisienne ! Il est vrai que l’Ouest, de la Vendée à la Normandie, s’est insurgé, mais aussi Lyon, dans le Midi, la Picardie et l’Artois. Sur sept millions de « citoyens actifs », plus de cinq s’abstiendront de voter, malgré la censure, la répression et les massacres. La Bretagne, hostile par tradition au pouvoir central, n’a pas tardé à exprimer sa vive opposition aux excès du centralisme jacobin et aux mesures de déchristianisation. [...]
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