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80 % de crétins : le bac pour les nuls

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25 mai 2021

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Cela fait bien longtemps que l’épreuve du baccalauréat ne fait plus peur aux lycéens. Malheureusement, derrière un taux de réussite hors normes se cachent une baisse de niveau certaine et de mauvaises orientations pour les jeunes.

Amener « 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat d’ici à 2000 », le slogan de Jean-Pierre Chevènement en 1985 avait tout d’une utopie mobilisatrice : le chiffre élevé, évocateur d’une plénitude, l’échéance millénariste, et le vague de la notion de « niveau du baccalauréat ». Une utopie radicale qui s’éloignait de la référence constante en matière de stratégie éducative de l’État, le plan Langevin- Wallon (1947), pourtant porté par la gauche, qui affirmait logiquement que seuls « les enfants dont les aptitudes aux études théoriques auront été reconnues seront dirigés vers les enseignements qui les mèneront au baccalauréat ».

L’État n’a jamais vraiment pu se défaire du mantra des 80 % qui a fait partie des fourches caudines sous lesquelles les ministres ont dû passer. Si bien que l’objectif ministériel est devenu réalité, certes avec retard, en 2012, mais tout de même : 85 % d’une génération étaient au « niveau du baccalauréat » et 77,5 % des jeunes d’une génération devenaient bacheliers. Pour la session 2020, la part des bacheliers dans une génération atteint 86 %.

Parallèlement, le taux de réussite global au baccalauréat a atteint 95,7 %. Depuis 2014, il oscillait autour de 88 %. Ce taux de réussite est de 98,4 % dans la voie générale, de 95,7 % dans la voie technologique et de 90,7 % dans la voie professionnelle. On relèvera que sa forte augmentation a largement correspondu à des majorités de droite, nouvelle illustration de leur propension à se couler dans les politiques de gauche.

Le revers de la médaille est que, s’ils ont évité l’usine, ils n’ont pas évité le bureau, sa monotonie, ses carrières peu valorisées et leurs petits salaires

Il y aurait tout lieu de se féliciter de ces chiffres (pour une fois qu’un objectif de l’État est atteint !), s’ils ne cachaient une situation fort dommageable. Constatons d’abord que le slogan de Jean-Pierre Chevènement, déjà absurde en lui-même, a été mal compris. Ce n’est probablement pas fortuit et on peut penser que son ambiguïté était voulue : il évoquait non pas 80 % de bacheliers mais 80 % au niveau du baccalauréat. Pourtant si l’on se fie à un certain nombre d’organes de presse, c’est bien la première acception qui a été retenue. Libération, il est vrai coutumier des amalgames, a ainsi pu titrer « tous bacheliers ». De fait, le mot d’ordre a rapidement été traduit par « 80 % au bac ». De nombreux chercheurs ont montré à quel point cet objectif-là a été mobilisateur pour les classes populaires et leurs enfants, prêts à tous les sacrifices pour éviter l’usine à ces derniers et les sortir de la condition ouvrière. Le revers de la médaille est que, s’ils ont évité l’usine, ils n’ont pas évité le bureau, sa monotonie, ses carrières peu valorisées et leurs petits salaires[...]

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