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Soudain Corona vint. Fermeture des frontières, prise d’assaut des ressources alimentaires, exode des citadins vers les campagnes, chômage partiel… autant de phénomènes qui ont dernièrement précipité l’histoire. À la suite de ce cortège s’est présentée une météo riante, succédant à des mois de pluies excessives. Le temps des semailles et des fleurs est arrivé. Mais les fruits passeront-ils les promesses des fleurs, pour notre paysannerie décimée ?
D’aucuns ont déjà médité sur l’inversion du rapport entre ville et campagne, les périphéries redevenant féerie pour les nouveaux pauvres de la France covidienne, ces citadins privés de la liberté d’aller, de venir et de produire dans leur propre pré carré. Laissons nos rats des villes s’apercevoir que les campagnes françaises sont autre chose qu’un parc d’attraction géant, qui n’aurait pour seule vocation que de dé-stresser et divertir le Parisien pendant ses congés payés, à coups de marchés typiques, de fermes pédagogiques, de sentiers didactiques. Peut-être bien qu’une fois enfermés dans leur maison bretonne qui sent le champignon, avec pour seule compagnie le calendrier des marées 2003 et une 3G poussive, auront-ils pour tout loisir l’observation, mère de l’instruction.
Pendant ce temps, nos agriculteurs oscillent entre espoir et irritation. La lettre que leur ministre, Didier Guillaume, leur a envoyée le 18 mars a suscité des sentiments contraires. « Continuez vos activités essentielles, indispensables. Vous participez pleinement à l’effort de la communauté nationale », leur a-t-il dit.
À leurs risques et périls, les agriculteurs continuent en effet à travailler sans compter, ni leur temps ni leurs revenus, tant est important le déséquilibre entre les deux.
« Merci, Monsieur le Ministre, pour votre reconnaissance, mais quand nous prendrez-vous vraiment au sérieux ? » : tel était le ton des principaux commentaires à ce courrier, sur les réseaux sociaux. À leurs risques et périls, les agriculteurs continuent en effet à travailler sans compter, ni leur temps ni leurs revenus, tant est important le déséquilibre entre les deux.
Prendre nos agriculteurs au sérieux commence sans doute par leur apporter une aide concrète, en ces temps de solidarité nationale. Confrontés comme tous les secteurs à cette grande claque économique engendrée par les contrôles aux frontières et les restrictions au marché commun, les exploitations agricoles craignent deux choses dans l’immédiat: l’absence de la main d’œuvre saisonnière, souvent venue d’Europe de l’Est, et les difficultés de routage des denrées, notamment pour les producteurs de lait qui, une fois de plus, risquent fort de ne pouvoir écouler leurs cuves pleines.
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Qu’attendons-nous pour nous réjouir de ce qu’il reste de souveraineté alimentaire en France, et surtout pour en profiter? Tel maraîcher provençal affirmait hier sur Twitter ne pas comprendre les Français qui dévalisent les rayons de pâtes des supermarchés tandis que lui restent sur les bras ses asperges fraîchement sorties de terres, délicieuses prémices au printemps d’habitude si prisées. Pas d’excuse pour le consommateur, car les marchés et les lieux de vente directes restent ouverts (lieux par ailleurs certainement moins porteurs de miasmes que les grandes surfaces).
Qu’attendons-nous pour nous réjouir de ce qu’il reste de souveraineté alimentaire en France, et surtout pour en profiter?
Quant au problème de main d’œuvre, plusieurs plateformes au service du monde agricole tentent en ce moment d’y répondre en publiant des offres d’emplois de proximité. Le nom de cette campagne : « Des bras pour ton assiette ». De la plantation du thym à la cueillette des fraises, les annonces variées fournissent largement de quoi occuper les citadins en exode. Puissent-elles permettre à la France d’éviter la crise agricole de l’Italie, où un hiver chaud et sec a avancé la maturation de fruits que personne ne vient récolter, engendrant potentiellement une perte de 25% des récoltes.
Marie Dumoulin
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