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Éditorial : Un nouveau destin

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Publié le

8 avril 2020

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édito

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Chers lecteurs, c’est un étrange numéro que vous tenez en main, mais rien ne peut plus vous étonner en cette étrange aventure de notre temps. Un étrange numéro parce qu’il aura été fabriqué, vaille que vaille, à distance et en pigeons voyageurs, par nos fers journalistes et contributeurs, au gré des replis et confinements.

 

Oh, certes, ce n’est pas la guerre que notre divin président semble appeler de ses vœux pour conquérir une stature que même les événements ne paraissent pas vouloir lui octroyer. C’est juste une épidémie. Mais les mesures autoritaires, et nécessaires même si tardives, prises par le gouvernement ont bouleversé à ce point la France que même les imprimeurs et les kiosquiers ont souvent cessé leur activité. C’est donc un étrange numéro, et rare, que vous tenez entre les mains. Rare autant parce que seuls nos abonnés le recevront, que parce qu’il se peut que quelques mini-coquilles s’y soient glissées, chose jamais vue dans la longue carrière de L’Incorrect.

Mais qui sommes-nous pour nous plaindre? C’est dans les graves situations telle que celle-ci que l’on mesure la grandeur de son rôle dans la société : nous autres, pauvres journalistes, ne sommes pas de ces médecins, de ces infirmières, de ces gendarmes (même agressifs) qui aujourd’hui sauvent et gardent la population au péril de leur vie, ou au minimum de leur tranquillité d’esprit. Imagine-t-on le général de Gaulle corriger des coquilles en 1940 ? Certes non. Même s’il était bien heureux qu’on eût inventé les ondes pour franchir les ondes de la Manche.

 

Lire aussi : L‘éditorial culture de Romaric Sangars : À marée basse

 

Il est difficile en période de confinement, atteints que nous sommes de fièvre obsidionale, de discuter du sexe des anges. Nous autres Français avons pourtant ce génie fort reconnu dans le monde entier d’abstraire et de théoriser chaque situation, donnant ainsi raison à cette vieille blague du philosophe français disant à son collègue britannique : « Fort bien, votre philosophie fonctionne en pratique. Mais fonctionne-t-elle en théorie ? »

Aussi, depuis que le virus a débarqué ne sont-ce que débats, un jour sur la chloroquine qu’un – semble-t-il génial – Gaulois bien de chez nous se propose d’administrer au monde entier pour le sauver; le lendemain sur le rôle de l’État et des marchés dans le nexus de cette crise ; un autre jour encore sur l’anarchie foncière de notre peuple incapable de respecter aucune consigne. Marcel Gauchet l’a dit fort justement: dans les pays latins, dont nous sommes incurablement, l’anarchie privée se conjugue avec l’autoritarisme public.

 

L’instantané sans rémission que donne cette crise de la France est pathétique : une antique nation à l’élite intellectuelle non-pareille entée sur un peuple en voie de tiers-mondisation, guidée qu’elle est, cette nation, par des démagogues ou des incompétents.

 

Pour le moment, il faut avouer que nous nous en sortons fort mal, et ce ne sont pas les exemples dramatiques de l’Italie ou de l’Espagne qui devraient nous réconforter. L’instantané sans rémission que donne cette crise de la France est pathétique : une antique nation à l’élite intellectuelle non-pareille entée sur un peuple en voie de tiers-mondisation, guidée qu’elle est, cette nation, par des démagogues ou des incompétents. On sait greffer des cœurs mais on ne dispose pas de masques ou de tests ou de lits médicalisés en nombre suffisant. La prévoyance de l’Allemagne humilie un peu plus encore notre coeur latin.

Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? Quel relâchement général a-t-il pu causer pareille déshérence ? Il ne s’agit pas du tout de prôner en période de crise quelque révolution nationale, on sait ce que ça a donné la dernière fois; ni de désigner des boucs-émissaires. Simplement de sentir le coup de fouet sur nos reins, et pantelants, de ces sillons sanglants mûrir un nouveau destin pour demain.

 

Jacques de Guillebon

 
 

 

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