« Si j’avais été de cette époque, j’aurais sans doute fini dans l’Aéropostale ». Dans son bureau du nouveau Palais de justice de la Porte de Clichy, perdu dans le labyrinthe des ascenseurs et des couloirs uniformisés, Charles Prats se raconte. L’aviation a toujours tenu une place privilégiée dans la vie de ce magistrat atypique issu d’une famille de douaniers, qui se destinait à l’origine au métier de pilote de ligne. Un paradoxe pour cet admirateur d’Antoine de Saint-Exupéry : les frontières des pays des hommes ne sont pas visibles depuis le ciel. Coup de malchance, après son entrée à l’école des pilotes d’Air France au début des années 90, la crise frappe la compagnie et tous les élèves pilotes sont licenciés. Un revers qui aura momentanément coupé les ailes du pilote prometteur. Son atterrissage sur le plancher des vaches le fait replonger dans le monde de la douane et des frontières.
Puisque le sort en a décidé ainsi, le voilà passant les concours de la magistrature qu’il réussit haut la main. Il est envoyé à Auxerre. Une époque exaltante, réceptacle de sacrés souvenirs: en 2007, il parvient à arrêter Ulrich Muenstermann, l’un des criminels les plus recherchés d’Allemagne. Une arrestation qui fit grand bruit car le violeur et tueur en série allemand était recherché pour des faits datant de la fin des années 80. Une opération brillante qui marquera la fin de sa carrière de juge de province et ouvrira une seconde partie de carrière dans les hautes sphères parisiennes. Convoqué à Bercy en 2008, il se trouve bombardé magistrat en charge de la coordination de la lutte contre la fraude fiscale, sociale et douanière, et en charge du travail illégal. Il se prend au jeu : « Un fraudeur content est un fraudeur qui revient », assène-t-il régulièrement. [...]
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