Pourquoi utiliser la méthode du collage ?
Nous avons voulu reprendre cette méthode, utilisée notamment par le collectif féminicides Paris, parce qu’on la trouve assez ludique, et qu’elle touche beaucoup de personnes assez rapidement. C’est aussi une réappropriation de l’espace public. Et enfin, c’est aussi pour nous un moyen d’utiliser les outils de mouvements féministes qui n’osent pas tout dire, pour montrer que nous complétons leur message. Nous ne sommes pas contre elles, nous apportons quelque chose de supplémentaire en collant à côté.
Avez-vous des contact avec les autres mouvements féministes, comme Féminicides Paris ?
C’est très houleux. Elles ne veulent absolument pas de contact avec nous ni même de débat. Même de manière privée c’est très compliqué. Parfois, certaines membres viennent nous parler discrètement, mais pour nous dire : « Vous n’avez pas honte, vous êtes racistes », etc. Le ton est extrême, et dialogue quasiment impossible.
Observez-vous une prise de conscience de la part des femmes sur l’origine de leurs agresseurs ?
J’irai même au-delà des femmes. Chez les médias, par exemple, on commence à citer les noms des agresseurs beaucoup plus qu’avant, et c’est un premier point positif. Quant aux femmes, lorsqu’on leur parle de manière personnelle et privée, on se rend compte que très vite elles sont d’accord avec nous. En commençant la discussion par « quel quartier évitez-vous ? », « pourquoi ? », très rapidement elles reconnaissent que c’est toujours le même profil d’agresseur. Mais je pense qu’il y a encore une certaine culpabilité : les femmes se disent : « Si je pense comme ça cela signifie que je suis raciste, ou bizarre ». À Orléans j’ai accompagné une demoiselle porter plainte pour des cas d’agression sur l’espace public.
Les femmes savent très bien au fond d’elles-même qui les agressent, quels quartiers elles évitent, pourquoi, et par quelles personnes c’est commis. Mais quand elles essaient de le dire, il y a un sentiment de culpabilité qui arrive.
Elle m’a raconté qu’elle s’était d’abord rapprochée du mouvement « Nous toutes », et que le jour où elle à commencé à évoquer l’immigration, dire qu’il y avait éventuellement un lien avec le harcèlement de rue, tout le monde l’a regardé comme une folle : « Qu’est-ce que tu racontes, qu’est-ce que tu insinues ? », etc. Les femmes savent très bien au fond d’elles-mêmes qui les agresse, quels quartiers elles évitent, pourquoi, et par quelles personnes c’est commis. Mais quand elles essaient de le dire, il y a un sentiment de culpabilité qui arrive. Mais peu à peu les voix se délient, y compris chez des jeunes femmes pas nécessairement de notre sensibilité politique, et c’est une bonne chose. Certaines d’entre elles nous envoient des messages pour nous remercier parce qu’elles « se sentent enfin écoutées ». Les femmes savent déjà mais n’osent pas le dire.
Quelles actions concrètes proposez-vous ?
Nous essayons d’avoir un noyau de militants dans chaque ville, pour pouvoir accueillir chaque personne qui nous contacte. Pour qu’elle ait tout de suite une écoute, une aide pour porter plainte, pour se sentir moins seule, ou tout simplement pour pouvoir témoigner. Pour ce qui est des jeunes femmes qui désirent s’engager avec nous, nous proposons de participer à des actions, d’écrire des articles pour celles qui on un peu peur des actions, et les deux si elles le souhaitent. Notre mouvement est peu contraignant : chacune arrive avec sa compétence et son temps, il faut que ce soit un plaisir de militer, mais l’engagement fort d’une personne convaincue.
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Quels sont vos objectifs concrets ?
De manière très large, je pense que le débat sur l’immigration doit être fait de manière publique. On n’a jamais demandé aux Français de ce qu’ils pensaient de ce fait. Il est temps de le faire. C’est l’une des plus préoccupations majeures des Français, si ce n’est la plus grande. Ce que l’on voudrait c’est un référendum, en tant que femmes et en tant que citoyennes, puisque nous en sommes victimes tous les jours. Nous voulons aussi que d’autres mouvements féministes commencent à s’en emparer, et n’aient plus peur de dire qu’il y a beaucoup d’agression de rue et de harcèlement faites par des personne issues de l’immigration, et qu’il y a des cultures incompatibles avec notre vision occidentale de la femme. Il est temps que les féministes s’emparent de ce sujet, sans peur. Enfin, et c’est nécessaire, mettre en place des statistiques ethniques comme il y en a en Italie ou aux États-unis. Ça nous permettrait de prouver ce que l’on constate. À l’étranger, les statistiques sont extrêmement éloquentes. On va pouvoir apporter plus de chiffres. Et bien sûr, nous souhaitons continuer à nous développer.