Bégaudeau, c’est le gauchiste dur, structuré, couteau entre les dents, et dont on imagine sans peine qu’il serait prêt à casser tous les œufs nécessaires à l’omelette révolutionnaire. C’est aussi la première chose qu’il faut lui reconnaître : on n’a pas affaire avec lui à l’habituel ventre mou du défenseur de la social-démocratie vaguement gauchisée, qui, lorsque l’on rince sa moraline, se retrouve seul comme un con face à ses contradictions. Non ! Bégaudeau, c’est Marx pour de vrai, et non Hegel, ça n’est pas la lutte à mort qui doit révéler les consciences et donc maintenir la lutte pour éviter la mort, mais la lutte qui veut la mort de l’ennemi ; bref, un révolutionnaire authentique, donc un bourgeois, serions-nous tenté d’ajouter ironiquement – mais nous aurions probablement tort.
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C’est en toute logique alors que l’auteur de Jésus, les Bourgeois et nous, après Histoire de ta bêtise, livre dans lequel il s’attaquait à ceux auxquels on l’assimile à tort, les « bourgeois cools » plus communément appelés bobos, continue sa charge contre la bourgeoisie, honnie cette fois-ci sous sa forme « hard », celle du bourgeois de droite – le pur bourgeois tant qu’à penser en clichés marxistes. Dans sa tâche, le voici secondé par Paul Piccarreta, directeur de la revue Limite, pressé et ravi semble-t-il de servir de faire-valoir à un Bégaudeau brillant qui lui rappellera subtilement tout au long du livre qu’ils ne se trouvent pas dans le même camp, sans qu’on sache véritablement si Picarretta, tout à son admiration pour la star littéraire, comprend ce que Bégaudeau lui raconte. [...]
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