Annoncé par Emmanuel Macron lors de son discours des Mureaux, le projet de loi contre le séparatisme a depuis été renommé projet de loi confortant le respect des principes de la République. Que signifie ce changement de nom ?
Il est symptôme d’un glissement : on a commencé par parler du « séparatisme islamique ». Puis on a noyé le poisson en mettant le mot au pluriel pour parler des « séparatismes ». Enfin, on en vient aux principes de la République. C’est un moyen commode pour refuser de nommer l’adversaire. Remarquons cependant que, jusqu’à maintenant, et au moins dans le discours officiel, le pire a été évité : il est bien plus juste de parler de « principes » que de « valeurs », par exemple à propos de la laïcité.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a récemment déclaré : « Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d'écrire sur un papier que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu. » Comment expliquez-vous ces propos, qu’aucun croyant ne peut sérieusement approuver ?
D’abord, une remarque peut-être un peu paradoxale : c’est tout à fait à l’honneur de ceux qui ont refusé de signer que de l’avoir fait. Il aurait été tellement plus facile de jurer n’importe quoi, puis de s’estimer ensuite délié de son serment une fois en position de force. J’explique les propos de ce ministre par une ignorance, probablement voulue, de l’abîme qui sépare diverses conceptions de ce que c’est que la Loi de Dieu. « Aucun croyant », dites-vous. Ce mot parapluie « croyant », camoufle l’abîme en question. Croyant en quoi ? Aux soucoupes volantes ? Au fond, nous sommes tous partisans de la théocratie. Ce qui ne veut évidemment pas dire le pouvoir des hommes de religion, mais bien, comme chez Flavius Josèphe qui a inventé le mot à l’époque du Christ, le règne de la Loi divine. [...]
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