Voilà un peu plus de dix ans que vous avez accédé à la présidence du Front national, devenu Rassemblement national. Quel bilan tirez-vous de cette décennie par rapport à vos attentes de 2011 ?
Un bilan plutôt positif. Nous partions avec un capital solide, mais c’était le capital d’un mouvement contestataire, ancré dans l’opposition, et l’idée était évidemment de le transformer en parti de gouvernement. Nous y sommes arrivés. Nous avons mis le Rassemblement national sur une orbite haute sur le plan électoral, faisant de celui-ci le premier parti de France ; nous sommes parvenus à briser la bipolarisation de la vie politique ; et, mieux encore, nous avons réussi à reconstituer cette bipolarisation en devenant l’un des deux piliers ! Que demander de plus, si ce n’est, évidemment, d’accéder au pouvoir, ce que les sondages nous permettent d’envisager mais aussi, plus profondément, le fait d’avoir réussi à rassembler des gens venant d’horizons extrêmement différents.
J’ai toutefois quelques regrets, tel celui de n’avoir pas réussi à faire perdurer, au-delà du second tour de la dernière présidentielle, l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan. Je n’ai pas pu ou pas su le convaincre qu’il lui fallait aller au-delà du simple « coup politique » et inscrire notre alliance dans la durée. Autre regret : notre implantation territoriale met plus de temps à se réaliser que ce que j’espérais, mais il est vrai qu’elle a été freinée par l’arrivée du Covid.
Le Covid a bon dos. Cela fait dix ans que vous en parlez…
L’implantation ne se fait pas en un jour et le Rassemblement national, avec sa nouvelle architecture, s’est constitué en 2018. Les élections municipales, cadre idéal de l’implantation, se sont déroulées en 2020, dans les conditions que l’on sait, en plein pic de la première vague de Covid, qui a entraîné une abstention massive chez nos électeurs. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les études d’opinion : 50 % des électeurs du RN ne sont pas allés voter par crainte du Covid. La moitié ! C’est assez normal puisque les classes populaires ont plus peur de la maladie que les gens qui ont les capacités de s’en préserver. La conséquence est que nous n’avons pas remporté autant de municipalités que nous l’escomptions. Ces élections municipales ont été un faux plat qui a freiné quelque peu notre implantation locale. [...]
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